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 Eileen || « Birds of a feather flock together »

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P. Cleo Everson

P. Cleo Everson


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MessageSujet: Eileen || « Birds of a feather flock together »   Eileen || « Birds of a feather flock together » Icon_minitimeMer 13 Juin - 11:29


Eileen & Cleo
« Birds of a feather flock together »


Codage fait par .Jenaa



    Assise sur les marches menant à l’entrée principale du campus, mes Rayban Wayfarer noires sur le nez, je croise les jambes, mon Blackberry posée sur mes cuisses. Il fait beau, il y a du soleil, et une brise fraîche. Malheureusement, ma peau d’albâtre, mon teint diaphane de princesse rousse m’empêchait d’aller m’ébrouer dans l’herbe comme toutes ces idiotes blondes siliconées. De toute façon, c’était mieux comme ça. On ne se mêle pas au bas peuple. Cette activité de « bronzer » était tellement futile, digne de Barbie prête à se faire griller les pauvres neurones qui leur restait pour que leur peau fasse le plein de mélanine. Libre à elle, écoutez, de choper un cancer pour paraître plus jolies l’espace de quelques heures, jours, semaines. Et de toute façon, je préfère ma peau pâle, ma peau diaphane, aux teintes marrons pas toujours –voire jamais –uniformes que l’on voit sur leurs peaux. That’s all.
    Mon portable ne vibre pas. Ces derniers temps, mon portable ne vibre jamais. En fait, non, c’est faux. Ça fait des mois et des mois qu’il ne vibre plus. Ma liste de contact est longue, fournie, mais ma boîte de réception est vide. Des amis… Mais qu’est-ce que des amis ? Rien. Je n’en ai pas, voilà pourquoi. Les seuls messages que je reçois sont de Gabrielle. Et encore, quand je me donne la peine d’y répondre. C’est comme si… j’avais été oublié. Même si la vérité est que j’ai fait en sorte que les gens ne s’attachent pas à moi, ne m’attachant pas à eux, pour ne pas avoir à regretter et attendre des messages. Mon téléphone ne me sert à rien en fait. Acheter en ligne. Me tenir au courant des dernières nouvelles qui secouent mon monde. Hurler des ordres de temps à autre, quand ça me prenait. Depuis combien de temps est-ce que mon Blackberry, que je change chaque fois qu’un nouveau modèle sort, ne m’a servi à rien ? … Presque un an… Je ferme les yeux derrière mes lunettes, laissant ma tête aller contre la colonne de pierre fraîche. Je me souviens. Je me rappelle. Un an… Mes parents, façon de parler, découvrant ma boulimie, ma manie de me faire vomir après les repas. Criant, hurlant. Et moi, qui les regardais, avec dédain. What again ? Mais tout le monde fait ça, faut vous mettre à la page ! Une crise. Des pleurs. Et mon indifférence totale, mon agacement. Hôpital. Ils avaient osé m’envoyer à l’hôpital. Suivie par des médecins. Suivie par des psys. Un hôpital psychiatrique quoi. Bande de cons. Je les déteste. De toute façon… Ils n’étaient même pas mes parents. Ne pouvaient pas avoir d’autorité sur moi. Personne ne pouvait, vraiment, réellement. Personne ne pouvait plus. Un ballon, lancé juste à côté de moi, m’arrache à mes pensées. Je rouvre les yeux, tourne la tête, voyant un jeune type, torse nu, courant dans ma direction. Je soulève mes lunettes, le fusille du regard.

    « You bloody fool ! »

    Il bégaye, s’excuse, se penche, m’offrant les joies de sa musculature reluisante sous le coup de l’effort. Non ta belle gueule ne t’excusera pas. Connard. J’abaisse mes lunettes sans ajouter un mot de plus, et revient poser ma tête contre la colonne, à l’abri, à l’ombre. Il disparait, lui et son ballon, me laissant à nouveau seule avec mes pensées. Le téléphone portable m’agace, je le dégage, le flanquant dans mon sac posé à côté de mes pieds. Je décroise mes jambes, passe mes mains sur mes cuisses, passe mes doigts sur le tissu léger de ma robe d’été (griffée, je ne devrais même pas avoir besoin de le préciser), et pousse un soupir à fendre l’âme d’une pierre. Je suis en train de m’ennuyer, c’est affligeant. A vrai dire, je passe ma vie à m’ennuyer depuis que j’ai atterrit dans ce trou, depuis que j’ai été expédiée, abandonnée, lourdée, larguée, dans cet état de bouseux. Le Wyoming, seriously ? Ca, pour une punition… C’était une punition.
    Mes yeux bleus, mes yeux clairs, scrutent la foule des gens. Ces gens qui seront mes futurs camarades de classe… Ces gens que je verrais tous les jours, ces gens avec qui je partagerais les prochaines années de ma vie… Désespérant. Je fronce les sourcils, dégoutée, grimaçant. Pauvre de moi… Les gens de ma condition sociale, de mon monde, sont si rares par ici… A quoi je m’attendais aussi ? Les gens beaux, riches, jeunes et intéressant… Ils sont tous dans les universités de l’Ivy Ligue. Harvard. Columbia. L’université de Pennsylvanie. Princeton. Yale. Bref, je ne vais pas vous faire la liste, vous savez de quelles universités, de quelles facs je parle. Celles qui comptent. Celles dont les gens rêvent depuis leur plus jeune âge, sachant pertinemment qu’ils n’auront jamais de quoi aller y étudier. Trop select’. Trop chères. Ces universités dans lesquelles j’avais ma place depuis ma naissance. Mais non. J’avais été envoyée ici. Au fin fond de nulle part. De la campagne profonde. Cachée. Comme un enfant difforme qu’on cache. Honte. Rage. Et quand je m’ennuyais, c’était pire encore : parce que quand on s’ennuie, on pense, et quand je pensais, bah des trucs pas joli sortaient de mon cerveau. Une bouffée de rage monta, s’emparant de mon cœur, enserrant ma gorge, et j’inspirai doucement, pour me calmer. J’arrachais mes lunettes, alors que les battements de mon cœur ralentissaient déjà. Mes yeux scrutaient les gens, encore, à la recherche de quelqu’un de quelque chose. Quelqu’un de différent, quelque chose attirant mon attention, quelque chose qui me ferait palpiter, quelqu’un qui émoustillerai mes sens, se détachant du lot. Quelqu’un comme… elle. Brune. Belle. Sombre. Riche. Elle puait le fric et l’attitude de princesse prada à des kilomètres à la ronde. Mes lèvres s’étirèrent en un sourire, avant qu’il ne disparaisse de suite. Le souvenir brûlant de sa réaction quand j’étais venue lui tendre la main. Certes, ce n’avait pas été par amitié, ou désir de m’en faire une amie. Je n’aimais pas les amis. C’est juste que… Birds of a feather flock together. Et elle, ô elle, elle était… tellement un oiseau. Mon regard ne la quittait plus. Peu importait qu’elle le remarque, ou pas, d’ailleurs, je m’en fichais. Mon esprit, vif et lucide, analysait. Elle, sa façon de marcher, de regarder autour d’elle. J’arquais un sourcil au-dessus de mon œil si bleu, plongeant la main dans mon sac, en tirant mon paquet de cigarette, sortant mon Dupont, et glissa une Lucky entre mes lèvres. La flamme brilla au creux de ma main, grillant le bout de la cigarette. Inspiration, expiration. Je rangeais tout dans mon sac, les y lançant plus qu’autre chose. La fumée s’échappa de mes lèvres alors que je rejetais doucement ma tête en arrière, sans la quitter du regard. So baby girl ? What do we do ?



Dernière édition par P. Cleo Everson le Dim 1 Juil - 11:05, édité 1 fois
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Eileen Lindqvist

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MessageSujet: Re: Eileen || « Birds of a feather flock together »   Eileen || « Birds of a feather flock together » Icon_minitimeDim 17 Juin - 16:13

Eileen || « Birds of a feather flock together » 100505014440539895970162Eileen || « Birds of a feather flock together » 557

▬ Eileen&Cléo ; Birds of a feather flock together ▬

Quand Eileen avait appris qu’elle partait étudier aux Etats-Unis, elle avait été contente. Elle avait encore obtenu ce qu’elle souhaitait, pour ne pas changer, mais ce projet d’étudier à l’étranger semblait lui tenir vraiment à cœur pour une fois. Ce qu’elle n’avait pas prévu en revanche, c’était l’humour de ses parents qui par Etats-Unis n’avaient pas entendu « Yale » ou « Harvard » ou encore « UCLA », mais « Wyoming University ». Autant vous dire qu’en arrivant sur place, la jeune fille avait bouilli de rage et restait encore très énervée contre ses parents, auxquels elle n’adressait presque plus la parole. Susceptible dites-vous ? Exactement.
Le seul avantage qu’Eileen trouvait à cet endroit, c’était les gens. Ils n’étaient pas spécialement riches, pas spécialement beaux, pas spécialement talentueux. Ils étaient banals, sans intérêt, à la plus grande joie de notre petite suédoise qui semblait presque trop parfaite, irréelle pour une université comme celle-ci, et qui adorait ce statut que son apparence lui conférait. Car voyez-vous, ce que la jeune fille ne supportait pas, c’est que quelqu’un la surpasse. Enfin, que quelqu’un soit plus beau, plus intelligent, plus riche passe encore. Mais que cette personne ait des privilèges quelconques grâce à cette supériorité, ça non. Et c’était donc pour éviter ce cas de figure qu’Eileen s’attelait à être miss parfaite auprès de « l’autorité » à savoir les professeurs, et à être celle qu’on envie à en mourir auprès du reste des étudiants.
Le problème, c’était cette fille. Comme Eileen, elle était sublime, certainement adulée, clairement riche, gâtée. Une sœur jumelle en quelque sorte, si on enlève le fait que les deux filles ne se ressemblaient absolument pas physiquement. Eileen était plutôt typé méridionale pour une fille du nord, les cheveux foncés et la peau qui bronze facilement. Sa rivale avait un teint diaphane et des cheveux roux si flamboyants qu’on aurait pu croire que c’était une crinière de feu. Cette fille, qu’elle avait déjà croisée auparavant, avait tenté une approche, en vain. Eileen ne cherchait pas d’amies, elle n’avait confiance qu’en elle-même ; pas en celles qui le ressemblaient. Elle savait qu’elle était capable de faire des coups bas même à ses « meilleures amies » sans aucun remords, alors pourquoi prendrait-elle le risque de se lier d’amitié avec quelqu’un qui semblait être comme elle ? Cela dit, cette fille semblait être la seule de l’université à être digne d’Eileen. C’était rare de trouver des gens distingués parmi les Alpha Beta, toutes et tous étaient des étudiants stupides, superficiels et vraiment peu éduqués. Mais elle… elle avait quelque chose de plus. Même assise sur les marches négligemment, avec ses Wayfarer sur le nez, elle a ce quelque chose qui attire Eileen. Qui lui donne envie d’aller la voir, malgré toutes ses appréhensions.
Une simple discussion n’engageant à rien, Eileen avait décidé de s’assoir à ses côtés, sur les marches de l’entrée. Elle avait remarqué la cigarette que la rouquine venait d’allumer. Eileen avait reconnu la marque, et pour cause, les Lucky, c’était tout ce qu’elle fumait. Elle s’était essayée aux Philip Moris, aux Marlboro, aux Camel… mais rien ne valait ses Lucky adorées. Les deux fausses-jumelles fumant les mêmes cigarettes, un signe de plus ? Peut-être que c’était stupide de penser ainsi, mais Eileen avait toujours été du genre superstitieuse. Pas le genre à avoir peur des chats noirs ou de passer sous une échelle, non, mais dans le cas présent, oui. Se trouver en face d’une personne que vous voulez à tout prix voir loin de vous et qui pourtant semble vous compléter en tout point, sans savoir pourquoi ou comment, c’était ‘bizarre’. Comme si tout avait été écrit, comme si le destin les avait rassemblées toutes les deux dans le coin le plus perdu du monde. D’ailleurs, que faisait-elle ici ? Elle semblait plutôt appartenir au paysage de Yale, elle aussi aurait-elle été ‘punie’ de son comportement, victime d’une mauvaise blague de ses proches ? Certainement. Enfin, vous voyez une autre explication au fait qu’une fille comme elle, comme Eileen se retrouve à l’université du Wyoming, surtout quand on sait ce qui s’y est passé quelques temps auparavant ? Il faudra penser à aborder le sujet un jour. Mais pour le moment…

    « Tu m’en filerais pas une par hasard ? »
Sans sourire, parce qu’Eileen savait que la jeune fille en face d’elle n’était pas dupe. Elle savait ce qu’était un sourire forcé, pour en avoir certainement dessiné plus d’un sur sa jolie figure. Plus que pour avoir une cigarette, c’était pour Eileen le moyen de ‘briser la glace’. Vous devez penser, pourquoi pas un banal ‘salut, moi c’est Eileen, et toi ?’. D’une part, parce que c’était comme je viens de l’écrire banal, et d’autre part parce que ce n’était pas subtil. Voyez-vous, Eileen ne voulait pas engager la conversation à tout prix, elle voulait confirmer ou infirmer ce qu’elle pensait, à savoir que la rouquine était aussi intéressée par elle qu’elle par la rouquine. Et demander une cigarette, c’était le moyen qu’elle avait trouvé pour le savoir. Si elle lui en donnait une, ça voulait dire ‘oui tu m’intrigues’, si elle ne lui en donnait pas, ça voulait dire qu’Eileen s’était fait des films. Mais son intuition lui disait qu’il s’agissait plutôt de la première option. Vous devez vous dire ‘pourquoi dépanner d’une cigarette signifie qu’on est intrigué par une personne ?’, non ? Ce qu’Eileen pensait, c’était que ce genre de fille n’irait pas s’embêter à dépanner une personne qu’elle ne connaît pas par pure gentillesse. Si elle décidait de le faire, elle montrait qu’elle était encline à parler, à faire connaissance. Et ce genre de fille –bien qu’Eileen puisse se tromper en pensant ça-, ne faisait pas connaissance avec la première étudiante qui passait.
Le choix était sien à présent ; Eileen n’avait plus qu’à attendre.


Dernière édition par Eileen Lindqvist le Mar 3 Juil - 18:14, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Eileen || « Birds of a feather flock together »   Eileen || « Birds of a feather flock together » Icon_minitimeJeu 28 Juin - 21:39


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    Cigarette aux lèvres, je me surprenais à espérer être une Audrey Hepburn qu’on viendrait délivrer de sa vie médiocre. Une fille légère au chat surnommé Cat (bonjour l’originalité), qui bave devant les vitrines de Tiffany’s, fumant une cigarette plantée au bout d’un de ses fumoirs de quinze mètres de long. Ou bien une pauvre fille tirée du ruisseau transformée en My Fair Lady. Peu importait en fait. Tout ce que je voulais, c’était ce prince charmant qui viendrait m’arracher à ce monde de misère. Qui me renverrai dans les hautes sphères de la noblesse américaine, chez ces gens, MES gens, aux comptes en banque si pleins qu’ils ne savent quoi en faire. Galas de charité. Dons aux bonnes œuvres. Dressing digne des boutiques de la rue Cambron. Ou de la Cinquième Avenue. Tout était bon pour dépenser, car dépenser était notre unique but dans la vie. Toujours plus. Et croyez-moi, j’ai eu beau chercher, il n’y a pas moyen de faire chauffer sa carte bleue dans ce trou paumé. Laramie. La. Ra. Mie. Même le nom est ridicule, même le nom prête à rire, même le nom donne envie de pleurer. De rage, je souffle la fumée de ma Lucky sans prendre le temps de « savourer » la bouffée. Je n’aime même pas ça. Je hausse un sourcil, fixant la jeune femme aux cheveux de jais, plus loin devant. Mes yeux se plissent légèrement, et je porte, lentement, la cigarette à mes lèvres. Elle approche, elle avance. Attirée par le chant des sirènes ? La cigarette disparait, faisant place à une seconde, dont le bout grésille grâce à la flamme tout droit sortie de mon Dupont. Je repensais à notre première rencontre. Confrontation, était le mot plus juste qui résonnait dans ma tête. A la seconde où je l’avais vu, j’avais sû, qu’elle était comme moi. Il y avait quelque chose dans sa démarche. Dans son regard. Dans le regard qu’elle posait sur les autres. Un truc royal et mauvais à la fois. Une lueur d’intelligence, mais une intelligence dangereuse. Un air familier, et pour cause, je le voyais dans mon miroir chaque matin. Une similitude des âmes. Pas de la chair, car nous étions diamétralement opposées. Elle était brune. J’étais rousse. Sa peau semblait gorgée de soleil (l’été à Laramie…), tandis que la mienne était laiteuse, pâle, diaphane, digne des princesses des contes anciens. Nos yeux, encore. Et même eux ne se ressemblaient pas. C’était nos âmes. Je l’avais senti. Et j’avais à la fois adoré ça, et détesté ça. Mais l’envie d’en savoir plus avait été plus grande, trop grande, j’avais fait le premier pas, littéralement, tendant la main dans sa direction. Le message était passé, et je lui en avais voulu. Beaucoup. J’aurais pu me dire qu’au fond, elle était comme toutes ces connes, insipide, stupide, cruche, sans intérêt. Mais ça aurait été un mensonge et, si j’en usais et abusais avec les autres pour parvenir à mes fins, je ne me mentais pas à moi-même. « Tu m’en filerais pas une par hasard ? » Je tournais la tête vers la brune au visage impassible. Pas un sourire, rien, juste son regard, posé sur moi. J’écarte la cigarette de mes lèvres, en fais tomber la cendre d’un geste habile, tout en recrachant la fumée grise. J’hésite à l’envoyer se faire foutre. Après tout, c’est bien elle la première qui a refusé cette main tendue. Derrière mes verres noirs, j’arque un sourcil. Une seconde passe, puis une autre. Tentative de décryptage de son attitude. Je cherche à l’analyser. Comprendre. Y a-t-il quelque chose derrière son attitude ? Une mauvaise blague en préparation ? Elle est intelligente, je le lis sur sa figure. Elle et moi sommes faîtes du même bois, elle doit avoir compris que s’attaquer à moi, aussi rapidement est plutôt dangereux. Ma main plonge doucement dans mon sac, et j’attrape du bout des doigts mon paquet de cigarette, que j’ouvre, le lui tendant. Sans un mot, tout en continuant à la regarder derrière mes lunettes. Une barrière entre elle et moi. Une retenue. Après tout…
    Ses longs doigts fin viennent arracher une cigarette à son emballage argenté, et je referme sèchement le paquet, le lançant dans mon sac d’un geste habile. Ne lui laissant ni le temps ni le besoin d’ouvrir la bouche, j’actionne mon briquet, la flamme venant briller tout près du bout de la cigarette. Bout qui grésille. Bout qui rougit. Je referme mon briquet, le dépose entre mes cuisses, avec mon BlackBerry silencieux. Personne n’est au bout du fil, tout le monde s’en fout, et ça tombe bien, je me fous de tout le monde. Au moins, je n’ai pas à jouer l’hypocrite, prendre une voix de pétasse, et demander des nouvelles de Carole Cindy Cynthia Juliet Julia Julia deux Mary Marie et Orlane. Je m’en fous d’elle. Je ne suis même pas certaine de savoir qui est qui. Et elles sont censées avoir été mes compagnons d’infortune pendant deux ans. La pension… Un monde à part ! Un uniforme obligatoire. Les hommes qu’on faisait entrer dans nos chambres en douce. Surtout moi. Les autres avaient trop peur de la sanction. Pauvres connes.

    « Quelle atrocité tu as commis pour atterrir ici ? »

    Comme indépendante de moi-même, ma voix s’est élevée, posant la question. A la brune, bien sûr, qui d’autre. Cette brune dont je ne sais même pas le nom. Est-ce que ça importe vraiment ? …. Mmm… Pas pour le moment. Si besoin est, j’irai faire un tour à l’administration, consulter son dossier. La question est directe, sans retour. Je me fiche de savoir qui elle est. Je me fiche de son nom de famille, de son CV, de sa ville natale, du temps qu’il fait. Je m’interroge, la curiosité me ronge, et je ne veux qu’une chose : savoir. Quand bien même la question est trop directe, quand bien même elle la dérangerait, je m’en moque éperdument. Je n’ai pas de temps à perdre. Mon temps est précieux. Et puis, en fait, ça m’intéresse. Pourquoi le Wyoming. Pourquoi pas Yale. Havard. UCLA. University of Pennsylvania. Princeton. Brown. NYU à la limite. Pourquoi Laramie. Est-ce qu’elle a tué quelqu’un ? Couché avec le supérieur de son père ? (si ce n’est pas lui le supérieur… Parfois, malheureusement, ça peut arriver !) Incendié son école précédente ? Tant de scénario tous plus plaisants les uns que les autres se bousculent dans ma tête. Et la vérité, elle est où la dedans ? That’s a good question.

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MessageSujet: Re: Eileen || « Birds of a feather flock together »   Eileen || « Birds of a feather flock together » Icon_minitimeMar 3 Juil - 21:34

Eileen || « Birds of a feather flock together » 100505014440539895970162Eileen || « Birds of a feather flock together » 557
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La première rencontre entre les deux jeunes demoiselles avait été pour le moins tendue. C’était uniquement de la faute d’Eileen, la rouquine lui avait tendu amicalement la main, mais la suédoise avait refusé de se lier d’amitié, ou au moins d’avoir un contact avec cette dernière. La peur d’être trahie, d’être déçue par celle qu’elle considérerait comme son amie, comme elle avait déçu et été déçue auparavant. Elle ne faisait confiance qu’à elle-même, et même si certains jours cela lui pesait, elle refusait de s’ouvrir aux autres. Après tout, ça ne l’avait pas empêché de vivre sa vie, non ? Sa seule compagnie depuis son arrivée à l’université du Wyoming avait été les garçons. Et pas que les camarades de classe entendons-nous bien. A peu près chaque garçon qu’elle trouvait hot, ou qui avait un petit quelque chose qui l’attirait. Beaucoup de garçons du campus correspondaient à cette description, mais Eileen ne les mettait pas tous dans son lit. Pour la plupart, elle engageait juste ce jeu de séduction, quelques baisers pour faire monter la température et stop. Allumeuse. Salope. Ces mots, Eileen les connaissait par cœur, mais si les gens pensaient que c’était ce qui allait l’arrêter de jouer ainsi, ils se trompaient. A vrai dire, tout ça lui passait au-dessus. Vous savez pourquoi ? Parce qu’elle savait que chaque fille qui l’insultait avait juste trouvé le moyen d’exprimer sa jalousie rageuse contre elle, qui avait tout. Et tout le monde.
Bref, pourquoi allait-elle donc vers celle qu’elle avait rejeté quelques temps plus tôt ? Sans doute parce que cette solitude, seulement voulue à moitié, commençait à la lasser. Mais elle ne pouvait pas non plus décemment se mélanger à n’importe qui, et ce pour de nombreuses raisons. Elle supportait mal les idiotes, les filles superficielles sans conversation utile, les machos, les gens qui étalaient leur richesse ouvertement… bref à peu près toute la population d’ici –sauf pour la dernière catégorie, ils étaient relativement peu-. Ce qui était sûr par ailleurs, c’était que la rouquine appartenait à ces familles richissimes, elle était tellement pourrie gâtée que c’était presque écrit sur son front. Pourquoi diable aller vers elle alors ? Eileen avait tendance à penser qu’arrivé à un certain niveau de vie, un certain confort, il n’était plus nécessaire de faire étalage de ses possessions en compagnie de gens du même niveau social. Cette fille n’avait rien à prouver, rien à montrer qu’Eileen n’ait déjà, ou n’ait déjà vu. Du coup, elle ne rentrait pas dans la catégorie de ces filles exaspérantes qui passent leur temps à se vanter. A tort, la plupart du temps.
Eileen avait réussi à obtenir une cigarette de la jeune fille, qui ne semblait –bien que dans la retenue- pas réticente à la conversation. La cigarette aux lèvres, Eileen s’était assise à ses côtés, et attendait la suite, si suite il y avait, inspirant et expirant cette fumée si nocive mais à la fois si agréable.

    « Quelle atrocité tu as commis pour atterrir ici ? »

Eileen ne s’attendait pas à cette question. A vrai dire, elle ne s’attendait à aucune question. Elle ne s’était même pas attendue à ce que la rousse lui adresse la parole. Peut-être qu’elle n’était pas fâchée, finalement ? Ou alors elle était très curieuse. D’habitude, quand on parle à une personne que l’on ne connaît pas on cherche à savoir son nom mais là, non, c’était une question d’un tout autre genre. C’était la question. Pourquoi es-tu ici ? Pourquoi toi, qui appartient à ce monde qui est le mien, tu as atterri ici, à l’opposé de là où tu devrais être ? Cette question, Eileen se l’était déjà posée à elle-même, sans trouver de réponse. Peut-être que ses parents en avaient eu marre de ses caprices ? Peut-être avaient-ils voulu lui donner une bonne leçon, lui montrer que tout n’est pas acquis dans la vie, que certaines personnes n’ont pas le quart de ce qu’elle a, enfin vous voyez le topo. Ou peut-être qu’ils avaient juste voulu l’emmerder. En tout cas, envoyer sa fille dans un endroit avec une telle réputation méritait qu’on ne les pardonne jamais. Ce qu’Eileen faisait très bien d’ailleurs.
La jolie brune s’était tournée vers son interlocutrice, la regardant droit dans les yeux. Il faut dire qu’ils étaient beaux, ses yeux. D’un bleu si clair qu’Eileen aurait pu passer des heures à ne rien faire d’autre que les regarder.

    « Je sais pas trop. J’ai pas l’impression d’avoir fait quelque chose en fait. Je pense que sur le coup, mes parents se sont comportés comme des vrais cons. »

Directe, c’est sûr. Malpolie, sûr aussi. Mais Eileen était tellement en colère contre ses parents que ‘cons’ était le qualificatif le plus gentil qu’elle ait trouvé. Les avait-elle poussés à bout ? S’était-elle comportée comme une enfant trop gâtée ? Peut-être. Et alors ? Ce n’est pas parce qu’eux avaient failli à mettre en place le modèle d’éducation qu’ils voulaient pour leur fille que c’était à elle d’en souffrir. Depuis toute petite ils l’avaient placé au centre de l’attention. Comment voulaient-ils qu’elle grandisse ? A quoi s’attendaient-ils ?
    « Je te retourne la question. »

Après tout pas de raison de rester sans savoir non plus. Il n’y avait pas que la rousse qui était curieuse. Peut-être que les deux jeunes filles se trouveraient encore un point commun. Encore.
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MessageSujet: Re: Eileen || « Birds of a feather flock together »   Eileen || « Birds of a feather flock together » Icon_minitimeDim 8 Juil - 0:11


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    Cigarette… Une simple cigarette. Elle, esseulée, apeurée, en manque, dans le besoin, et moi, magistrale Cleo, qui lui tendait la main. Je suis trop bonne, je crois. Ou alors, je veux juste la voir crever plus rapidement. La vérité, c’est que je n’aime pas fumer. Je trouve ça ridicule. Je n’aime pas ça, pourtant, je fume quand même. Pas parce que les gens fument autour de moi. Être un mouton, ça n’a jamais été mon cas, dieu merci. Je ne suis pas fade et sans caractère. Non, je fume, parce que c’est dans mes gênes. Quand je croise mon reflet dans un miroir, chevelure de feu, et cigarette rougeoyante à la main, je me dis que je lui ressemble. Parfois, j’en souris, doucement, avant de me rappeler que… je n’aime pas le lait. Parfois, je me jette un regard de dégoût, comme si c’était elle que je regardais, et je jette et écrase la cigarette avec toute la rage que mon petit corps peut contenir. Même si je viens de la commencer. Je ne fume que des Lucky. Elle ne fumait que des Lucky. Too bad ! Elle prend la cigarette. Grésillement. Inspiration, expiration. Je viens de te retirer six minutes de vie. Je la regarde, l’observe, juste quelques secondes, puis détourne le regard. Elle n’est déjà plus dans mes pensées, j’ai déjà fait une totale abstraction d’elle. Je m’en fiche, m’en contrefiche, c’est comme si elle n’était plus là. Je suis presque surprise de la trouver toujours à mes côtés, lorsque soudain, je tourne à nouveau la tête. Toujours là, elle ? … Bien, puisqu’elle est là, autant qu’elle se rende utile, non ? Quitte à perdre mon temps, à fumer sur des marches, seule, autant être seule à deux ? … Je n’aime pas la solitude. Je n’aime pas être seule. C’est quelque chose qui m’effraie. C’est pour ça, aussi que je n’aime pas le Wyoming. Trop peu de gens. Trop de nature. On est toujours seuls face à la nature. Seuls, abandonnés. J’ouvre la bouche, presque malgré moi, demandant ce qu’elle a bien pu faire, elle, si semblable à moi, digne des rangs des universités de l’Ivy Ligue, pour atterrir dans ce trou paumé, au fin fond de nulle part. Je tourne la tête vers elle, posant mon regard bleu sur ses cheveux noirs, puis sur son visage aux traits nobles et fins, et ses yeux, bleus, perçants, comme les miens, mais dans des tons différents. Je m’interroge. Peut-être qu’avec son explication, je trouverai la véritable raison qui a poussé mes parents à m’envoyer ici. … Parents. Je ris, intérieurement. Quel mot ridicule. Les yeux dans les yeux… Je pourrais me perdre dans les méandres de son regard. J’aime les tons de ses yeux. Elle me ferait presque craquer. Le regard, et le compte en banque. Il n’en faut pas plus, généralement, pour émoustiller mes sens. Pourtant, point de baiser volé, ou de propositions indécente à mi-mot. La curiosité. Juste ça. « Je sais pas trop. J’ai pas l’impression d’avoir fait quelque chose en fait. Je pense que sur le coup, mes parents se sont comportés comme des vrais cons. » Je me mets à rire. Amusée ? J’en ai l’air. En vérité, je ne le suis pas, je me moque, pleinement.

    « C’est propre à tous les parents d’être cons. »

    Incapables de comprendre leurs enfants, incapables de comprendre, plus important encore, les besoins de leurs enfants. Eux, ils sont si… parfaits ! Je crache, mentalement, ce mot. Perfection. Mon cul ouais. Une bande de bouffons dorés. Voilà ce qu’ils sont. Nous ne demandons rien à nos parents. De l’argent et notre liberté. Nous sommes beaux, jeunes, riches et indécents. Est-ce de notre faute si, à nos âges, eux rêvaient de mariage, de chasteté, et de rock’n’roll ? Ils ont oubliés avoir été jeune, ils ont oublié avoir détesté leurs parents qui ne leurs permettaient pas de sortir. Soit gentille, pour l’image de la famille. Je crache sur votre image de la famille parfaite. C’est une façade, tout juste bonne à camoufler les êtres répugnants qui se cachent dessous. Monsieur se tape la bonne, Madame se tape le voisin, et Mademoiselle se tape la bonne, le voisin, ET le prof de sport de Madame, sur lequel Madame fantasme depuis des mois. Ou bien… Monsieur n’est pas le père du jeune Monsieur de la famille, et Madame se fait sauter par tous les collègues de Monsieur Premier. Tant de choses, de saleté, que notre monde cache derrière les dorures que nous exposons à la face du monde. Vous nous enviez, pauvres fous. Ouais. Tous des cons. « Je te retourne la question. » Je tire une longue et profonde taffe sur ma cigarette, conservant la fumée durant une… deux… trois secondes, dans ma bouche, avant de la recracher, doucement. Moi… Moi… Qu’est-ce qui a poussé mes parents à m’exiler…

    « Ils ont voulu me cacher aux yeux du monde je suppose. »

    Le monde. Comprendre notre monde. Ceux qui comptent. Qui ne vivent pas dans le Wyoming. Je tire sur ma cigarette, encore, qui se consume entre mes doigts. Qu’avais-je fait… Je les avais déçus. Je n’étais pas la petite fille qu’ils avaient adoptée sur le papier. La petite fille qui riait aux éclats quand on lui faisait faire l’avion, qui portait des robes roses, des nœuds blancs, prenait des cours de danse, de piano, se tenait droite à table… Morte, décédée. Pouf ! Dans les toilettes, et j’ai tiré la chasse. A vrai dire, je n’avais jamais été cette fillette. Tout au plus une bonne actrice. Et puis, à force de faire semblant d’être ce que je n’étais pas, j’avais fini par redevenir ce que j’étais vraiment. Une garce. Une pétasse. Qui voulait tout contrôler, tout avoir, méprisait les autres. Et ils n’avaient pas aimé ça. Ils avaient mis ça sur le compte de la crise d’adolescence. Puis, m’avaient éloigné une première fois, en pensionnat. Une deuxième fois, en hôpital. Et maintenant, ça.

    « Je crois qu’ils n’en pouvait plus, de moi. De mon attitude. Et puis, le fait qu’avec une bande d’ami, on ai saccagé et vidé leur cave, ça a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. »

    La goutte de vin à je ne sais combien de milliers, voire de millions, la bouteille. Quelle idée, aussi, de laisser ça à portée d’une gamine capricieuse qui n’avait pas apprécié qu’on lui prenne sa carte bleue en punition. BOUM ! Strike ! Les bouteilles explosent, et je riais, fort, fort, trop fort pour être vraiment heureuse, en buvant du vin, du champagne hors de prix dans des verres en plastique. BAM. Le goulot d’une bouteille que j’explose du bout de mon talon. Souvenirs, souvenirs.

    « Deux cons qui ne supportent pas que j’ai une vie sociale active, en d’autres termes. Le Wyoming, c’est le donjon des temps modernes. »

    Avant, on enfermait les princesses dans un donjon, gardé par un dragon. Maintenant, on nous exile dans le Wyoming. Pitié. Je préfère encore le dragon.

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Eileen Lindqvist

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MessageSujet: Re: Eileen || « Birds of a feather flock together »   Eileen || « Birds of a feather flock together » Icon_minitimeDim 19 Aoû - 21:00

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▬ Eileen&Cléo ; Birds of a feather flock together ▬

Eileen repensait toujours à ce qui l’avait poussé à commencer à fumer quand elle mettait une cigarette entre ses lèvres. Ca commençait à remonter dans le temps. C’était l’année de ses quinze ans. L’année de toutes les premières fois pour la jeune fille –vraiment jeune à cette époque-. Elle avait ce groupe « d’amis » avec qui elle aimait passer du temps. Une fille, deux garçons. Au départ, seuls les garçons fumaient. Puis la fille s’y est mise aussi. Elle n’aimait pas vraiment ça, mais ça faisait bien, alors elle continuait. Et puis un jour alors qu’ils étaient tous les trois réunis chez un des garçons, ils proposèrent à Eileen d’essayer. Elle avait d’abord refusé, trouvant que ça ne servait à rien ; Elle avait même répété le fameux « rökning dödar » qui était inscrit sur tous les paquets et sortait de la bouche de tous les parents. Et puis l’un des garçons, plus malin que les autres s’était contenté de dire « Det spelar ingen roll. Hon vill inte ha roligt. » (/ça ne fait rien, elle ne veut pas s’amuser/). Eileen avait pris cette phrase comme un défi. Une sorte de « si tu fumes pas, t’es une trouillarde » ou quelque chose du genre. Alors elle avait pris la cigarette d’un air décidé, l’avait allumé, et avait inspiré cette fumée dont le goût lui semblait insupportable… et bien sûr, elle s’était étouffée. Enfin, quelques toussotements, rien de très grave mais qui avaient bien amusés ses amis. A la fin de l’après-midi, son ami l’avait prise à part et lui avait simplement dit « rökning gör dig sexig » (/fumer te rend sexy/). Vraiment ? C’était bête, mais ça avait poussé Eileen à fumer. Elle avait fini par s’habituer à l’odeur, au goût, aux gestes. Et c’était vrai, les garçons la regardaient davantage. C’était tellement simple à comprendre, un garçon. Un joli regard, une cigarette aux lèvres, un air sensuel et le tour était joué. Simple, tellement simple qu’Eileen n’avait plus trouvé de limites au flirt. Ça ne l’avait plus assez amusée, de « faire semblant ». Elle cherchait des vraies sensations, du plaisir. Elle finirait par le trouver avec des copains plus ou moins éphémères, ce qui lui avait valu quelques surnoms peu sympathiques, mais elle s’en fichait au fond. De qui avait-elle besoin ? Sans doute de ses parents, à ce moment, mais c’était trop tard ; ils n’avaient plus rien à dire, ils n’avaient jamais rien fait. Ils avaient de l’argent, et aucune autorité. Ils avaient toujours eu peur de lui dire « non », ou « arrête », pourquoi commencer à ses quinze ans ?

Eileen n’avait jamais compris ce qui la rendait plus sexy quand elle avait une cigarette entre les lèvres, mais en regardant Cléo sur les marches ce jour-là, elle avait compris. Parce que la rouquine dégageait quelque chose d’extraordinairement sensuel. C’était un tout certainement, parce qu’elle était belle à la base. La façon dont ses cheveux bougeaient, ses grands yeux bleus… Eileen se sentait attirée par cette fille qu’elle essayait pourtant d’éviter. Non pas qu’elle veuille lui sauter dessus ou quoi que ce soit, les filles, elle n’avait jamais essayé, elle avait déjà assez à faire avec les garçons ; mais cette fille-là -pour une raison qu’Eileen ignorait- était fascinante. Peut-être était-ce le fait de trouver une fille comme elle ici, en plein dans cet était perdu du Wyoming ? Car honnêtement, c’était plutôt fermiers et compagnies par ici… Ses parents aussi avaient dû perdre le contrôle de sa vie, par manque d’attention, et avaient essayé de regagner leur autorité en lui montrant qu’ils pouvaient lui pourrir la vie en l’envoyant ici, à Laramie. Des cons aussi, sans aucun doute. Et pitoyables avec ça, parce que malgré toutes leurs tentatives, ils ne regagneraient jamais le contrôle qu’ils auraient pu avoir sur la vie de leur fille, ses choix, ses fréquentations, son avenir. Sur elle.

    « C’est propre à tous les parents d’être cons. »

See ? Eileen avait raison, ses parents étaient pareils. Ils étaient tous pareils, à croire qu’ils se transformaient arrivés à un certain âge. Sera-t-elle comme ça, elle aussi, plus tard ? Se fichera-t-elle de tout, donnera-t-elle tout pour éviter les conflits ? Mais revenons-en à cette fille, dont le nom était encore inconnu à Eileen. Pourquoi vouloir la ‘cacher aux yeux du monde’ ?
    « Je crois qu’ils n’en pouvait plus, de moi. De mon attitude. Et puis, le fait qu’avec une bande d’ami, on ai saccagé et vidé leur cave, ça a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. »

Ah l’attitude. Le drame des parents. Ils ne vous élèvent pas et ils ne comprennent pas pourquoi on ne les prend pas au sérieux, pourquoi on se fiche de ce qu’ils nous disent.
    « Deux cons qui ne supportent pas que j’ai une vie sociale active, en d’autres termes. Le Wyoming, c’est le donjon des temps modernes. »

Eileen avait souri à cette métaphore assez enfantine mais tellement réaliste en même temps.
    « Et comment tu t’appelles Princesse ? »

Référence aux donjons et peut-être aussi à son attitude et son aura d’enfant pourrie gâtée ; N’y voyez là aucune autre allusion.
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P. Cleo Everson

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MessageSujet: Re: Eileen || « Birds of a feather flock together »   Eileen || « Birds of a feather flock together » Icon_minitimeDim 26 Aoû - 16:48


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    En pleine discussion, avec une inconnue. Etrange sentiment que voilà. Enfin, une inconnue… La jeune et jolie brune n’en était pas vraiment une. Il me suffisait de la détailler pour avoir l’impression de la connaître par cœur. Il me suffisait de regarder son dos, droit, ses lèvres, entourant pulpeusement sa cigarette, pour tout savoir d’elle. Ce n’était pas bien difficile, c’était comme un miroir. Je savais à quoi elle pensait. J’aurais pu deviner ses moindres désirs, même les plus enfouis, profondément, au fin fond d’elle. Des choses qu’elle ne savait même pas désirer. Parce qu’elle était comme moi. Si différente, mais si similaire. Si inconnue, et pourtant, si facile à percer à jour. Tellement comme moi. Je la vois, et je la comprends. Je sais ce qui se cache sous sa jolie peau. Je sais ce qu’elle a à l’intérieur de la tête, je sais comment elle fonctionne, à quoi elle pense, comment elle pense. Je la devine. Je la comprends. Ca a quelque chose d’effrayant, de savoir, à ce point, ce qui se passe dans le crâne d’un autre. Elle est comme moi. Un oisillon trop tôt jeté hors de son nid, balancé dans le grand bassin, sans présence parentale pour surveiller. Elle est comme moi, elle joue, elle prétend, elle se moque. Je retrouve mes traits dans les siens. Je retrouve mes gestes, dans les siens. J’ai envie de la serrer contre moi, et de lui dire qu’elle n’est plus seule, que nous ne sommes plus seules, que nous sommes deux. Mais l’idée de la toucher ne m’enchante guère. Je ne veux pas être seule, mais je ne veux pas non plus être double. Un perpétuel disfonctionnement. Une perpétuelle hésitation. Vouloir sans vouloir vraiment. « Et comment tu t’appelles Princesse ? » Je souffle ma fumée de cigarette. Prudence. Princesse Prudence. Mes lèvres s’étirent en un mince sourire. Voilà bien longtemps que je n’avais plus songé à ce surnom, qui avait bercé mon enfant. Oui. Je suis une princesse. Pas une princesse avec diadème et protocole, balais dans le cul, turlututu chapeau pointu. Non, je suis de ces princesses des temps modernes. De celles qu’on expédie au fin fond de nulle part. J’attends mon prince charmant. Sans vraiment espérer qu’il arrive un jour. A vrai dire, je crois que s’il pointait le bout de son nez, je n’en voudrais même pas. Je n’aime pas qu’on me dise ce que je dois faire. Je sais comment fonctionne notre monde. On ne parle pas de mariage, on parle d’alliances. Nous sommes des princesses. Les princesses ne sont pas libres. Les princesses sont mariées à treize ans à des hommes qui ont le double, le triple de leurs âges, abusées entre les draps royaux. Les princesses ne choisissent pas. A vrai dire, les princesses ne naissent que pour réunir les royaumes. Les rois naissent pour les gouverner, s’approprier ceux des autres. Le rôle des femmes est le rôle d’un pacificateur. Ça n’a jamais été ma tasse de thé, les discours sur la paix. Je n’ai pas besoin d’un prince. Je n’ai pas besoin d’un roi. Je veux bien faire la belle, mais pas dormir au bois. Je veux bien être reine, mais pas l’ombre du roi. Je me suffis à moi-même. Princesse Prudence De Saint-Pierre. Un nom qui roule, une assonance. « Cleo. » Ma cigarette n’est pas encore arrivée au bout de sa vie, mais je la jette déjà loin de moi. Fumer des mégots, très peu pour moi. Je la regarde rouler en bas des escaliers, glissant le long des marches. Boum. Boum. Boum. J’imagine la bande-son derrière, ridicule, des portes qui claquent. Je joue avec mon briquet. « Everson. » J’ai perdu mon nom. J’ai perdu mon identité, j’ai perdu mon être, j’ai perdu ma vie. Jetée, rejettée, je n’étais plus rien, un visage sans nom. Ils se sont succédé, sur mes papiers d’identité. Cleo Cooper. Cleo James. Cleo Williams. Cleo O’Daniel. Est resté Everson. Je repense à Monsieur et Madame Everson. Mes « parents ». A vrai dire, ils ont eu la lourde tâche de s’occuper de moi presque aussi longtemps que les « vrais », si je peux les appeler ainsi. Une pute snob et un lâche. Pété de tune, jusqu’à l’usure, la chute. Dévoilant au monde qui ils étaient vraiment. J’ai envie d’une autre cigarette. J’ouvre mon paquet, en tire une Lucky que je glisse entre mes lèvres, déclenche par deux fois mon Dupont. Merde.

    « Et toi ? » Ma cigarette toujours éteinte entre mes lèvres, j’ai relevé mes grands yeux bleus vers le visage de la belle brune. Je tente de deviner. Un beau nom. Un nom noble. Je ne vois que ça. Il n’y a que ça qui lui irait. Pas un de ces prénoms américains débile. Pas de Beverly, Billy, Cindy, et ces sottises, laides, tout juste bonnes à qualifier ces chauffeuses de stade, chauffeuses de terrains, chauffeuses de public, et chauffeuses d’homme. Je crois que si elle me répondait ça, je serai extrêmement déçue. Je n’aime pas être déçue, ça me rend irritable. Bien qu’à vrai dire, ce sont les autres qui souffrent le plus de ladite irritation. Mon briquet toujours au creux de ma main, je ne détache pas mon regard d’elle, suspendue à ses lèvres, n’attendant plus qu’une chose : qu’elle se présente. Elle ne sera plus une étrangère, elle ne sera plus une inconnue. J’imagine résonner les trompettes à l’annonce de son prénom. J’imagine la cour en émoi, j’imagine les sujets, avides, posant un genou à terre, subjugués. J’aime cette vision. C’est tout à fait moi. C’est tout à fait elle. C’est tout à fait nous. Je ne me préoccupe même plus de cette cigarette entre mes lèvres, de mon briquet dans ma main. J’attends, simplement. Qu’elle me fasse l’honneur de me livrer son secret.
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