« C’est obligatoire ? » Se risque un étudiant. « Disons que votre présence est préférable. » Sous-entendu : oui, c’est obligatoire. Même pendant l’été, on n’est pas fichu de vous laisser tranquille. Sortez les boussoles, les cartes, les sacs à dos : ce week-end c’est chasse au trésor en forêt pour les étudiants de la Wyoming University. Et même si cette idée n’enchante personne, tout le monde répond présent. Le jour J on vous a séparé en plusieurs équipes, on vous a donné les consignes, maintenant à vous de jouer. Vous vous disputez avec vos coéquipiers pour savoir par où est le nord, vous sursautez au moindre grognement suspect, vous grignotez d’avance votre pique-nique, vous vous isolez derrière un arbre pour échanger quelques baisers fougueux… La matinée est longue.

Miraculeusement, tout le monde s’est retrouvé pour manger le midi. Les sandwichs ne sont pas bons, et vous regardez d’un œil suspect le pâté. Serais-ce du pâté de chevreuils ? Cette idée vous retourne le cœur, et encore, vous n’avez pas encore goûté la compote de pommes (sans doute périmée). Certains jette leur emballage dans les buissons pendant que d’autres préservent mère nature. Vous discutez de votre matinée, tout va bien.

« John, où est John ? On a perdu John ! » S’écrie Marilyn. Vous relevez la tête, observez cette jeune femme totalement paniquée. Une minute de flottement, et hop, vous vous êtes tous levés pour chercher John. On commence à paniquer autour de vous, tout devient suspect, étrange, effrayant. Vous ratissez la forêt, vous vous enfoncez si profond dans les bois que le soleil ne filtre plus à travers les grands arbres. Tout est si sombre. Et soudain : un cri, une fille qui tombe dans les pommes, se cogne au passage contre une pierre. Que s’est-il passé ? John a été retrouvé, si, si c’est ce type pendu à la grosse branche juste devant. John, pendu. On a du mal à imaginer ce sportif de haut niveau, aux notes excellentes et au cercle d’amis bien garni se pendre. En tout cas il n’en faut pas moins pour paniquer tout le monde.

Vous partez dans tous les sens. Parce que vous en êtes désormais sûr : la mort de John n’a rien de volontaire, encore moins d’accidentelle. Vous sentez les yeux de quelqu’un sur vous. Vous entendez des pas derrière vous. Cette sortie n’était-elle qu’un énorme guêpier dans lequel vous vous êtes précipité avec le sourire ? Et pour ne rien arranger, un terrible orage démarre. Tout semble différent, vous ne reconnaissez rien. Vous avez abandonné boussoles et cartes sur le lieu du pique-nique ou près de John, vous êtes définitivement perdu. Mais dans votre malheur, vous ne sombrerez pas seul : vous êtes parti dans tous les sens mais avez croisé du monde sur votre route. Il faut se serrer les coudes maintenant, la nuit tombe, il fait froid, le tonnerre gronde… Comment allez-vous sortir d’ici ?