◗ MESSAGES : 116 ◗ POINTS : 269 ◗ SITUATION : Célibataire ◗ ÂGE PERSONNAGE : 25 ans ◗ CITATION : La malchance est une circonstance atténuante que la vie donne aux ratés.
Sujet: D'où tu sors, toi ? ♣ CLEO Dim 1 Juil - 9:49
Je tapote sur la table au rythme de la musique. Bouge de la tête selon un rythme différent, me laisse transporter par les basses d'un Depeche Mode un peu ancien : Personnal Jesus. A chaque fin de refrain, je lève le poing. D'abord timidement – ne sait-on jamais que quelqu'un passe dans le couloir. Puis franchement. La musique me coupe du monde, de ce bureau. Bureau pour le moment tranquille – merci les vacances scolaires. Même si, je le sais, je le sens : dans deux mois, ça ne sera pas pareil. Merde. Je regrette déjà ma décision, ce choix entre surveillant et jardinier. A tord, je m'étais dit que surveillant, c'était pénard. Que j'allais pouvoir me tourner les pouces, faire semblant de travailler en feuilletant des magazines. Mais le simple fait qu'on me donne du travail supplémentaire en attendant la rentrée – accueillir les nouveaux et porter les bagages : et puis quoi encore ? - me laisser supposer le contraire. Mauvais choix. Très mauvais choix. D'un côté, ce n'est pas comme si je ne commençais à avoir l'habitude.
ZIOUP. J'arque un sourcil, ressors mon MP3 de ma poche. J'appuie sur la touche triangle, une fois. Deux fois. Rien. J'ouvre le cache de la batterie, remets en place les piles. Et appuie de nouveau sur le bouton. Rien. Soupire de ma part. Dans une dernière tentative, je secoue l'appareil énergiquement, murmure un « come on, dude ». Aucune réponse. La batterie est à plat. Je n'ai pas le chargeur. Le câble pour le relier à l'ordinateur ne fonctionne pas. Il est dix heures du matin – et je m'emmerde déjà. Joyeuse journée en perspective. Soupire, soupire. Je fais alors la liste mentale de toutes les activités qui pourraient – éventuellement – me sauver la journée. Faire des origamis avec le papier de l'imprimante. Je souris à cette idée, secoue négativement la tête. Non, non. A tous les coups, je vais devoir rembourser le papier. Et puis, je ne sais faire que des grenouilles. Je fais un quart de tour sur mon siège pivotant, idée géniale : vient à moi. Faire un collier de trombones. Je grimace, mauvaise idée également. Mes collègues vont finir par se demander si je ne suis pas dérangé, en manque d'attention ou que sais-je encore. J'effectue un tour complet, me dis qu'il faut que je trouve quelque chose – vite – avant que mon action ne me refile la nausée. « Marwin ? Imogen a besoin de ton aide pour déplacer des cartons. » Je continue mon tour, finis par me retrouver face à la porte. Je hoche la tête, affiche un sourire. Le sourire qui signifie : « c'est bon, j'arrive ! ». Même si, dans le fond, c'est tout autre chose. SERIEUSEMENT ? Y a-t-il écrit « homme à tout faire », sur mon front ? Bricoleur ? - à ce propos, je me suis enfoncé en clou dans la main la veille. Déménageur ? - la dernière fois, j'ai fait tomber un case soit disant hors de prix. Nigaud ? C'est certain. Je suis persuadé qu'ils abusent déjà de ma « gentillesse », se disent entre eux : « demande à Marwin, il ne dit jamais non ». GRR. Ca m'apprendra à toujours accepter. Mais pourquoi, pourquoi donc ai-je accepté d'un sourire ?
Je souffle plus que de raison. Me dis que, dans le fond, c'est une bonne manière pour faire connaissance. Et pour passer le temps. Je glane une réputation de tout chou qui fait tout mais, tant pis : au moins, je ne m'emmerde plus. Et c'est toujours mieux que de remplir le bureau avec une colonie de grenouilles possédant des colliers de trombones. Non. Non ? Je finis par découvrir Imogen, deux bureaux plus loin. J'arque un sourcil, les deux. Est-ce une blague ? J'ai le remix devant moi de Hulk au féminin et elle veut mon aide pour déplacer des cartons. WHAT ? C'est quoi le délire. Je secoue l'index, fait claquer ma langue contre mon palais. Non, non. Je suis persuadé qu'elle a lesté le carton afin de tester mon endurance physique. JE PROTESTE, je n'aiderai pas ce monstre de femme, ne comptez pas sur moi. Je toussote. « Heeeeu ... » Ma protestation commence bien. On sent la rébellion qui s'opère en moi, tous les mots – mesquins – que je pourrai dire. « Mmmmh... » Deuxième pose. Imogen se retourne, me dévisage. Je plisse les yeux. Et si cette « femme » était en fait un homme déguisé en … femme, justement ? La question se retrouve être légitime : il/elle me fait grave flipper. Il/elle effectue un pas vers moi : en arrière, en arrière, personne de sexe indéfini ! Je dois protester, n'essaie pas de m'acheter en me filant la frousse. « Je-voulais-savoir-si-t'avais-pas-des-piles. » Je n'articule pas, ai prononcé l'ensemble d'une traîte. J'ouvre grand les yeux. Ca passe, non ? Dire que je suis venu ici pour une histoire de pile. Non ? Non. D'un coup de tête, elle me désigne un des objets à déplacer. Et marmonne quelque chose qui ressemble à « Tu devrais le mettre-là ». Génial. Je prends pas le temps de réfléchir, m'avoue vaincu. Et déplace les objets.
Retour à la case départ. Je n'ai toujours pas de pile. J'ai mal au dos. Et je viens de me faire ridiculiser pour un(e) homme/femme. La journée s'annonce bien. Je m'écroule dans ma chaise pivotante, souris à l'idée qu'un jour, je vais certainement en tomber. Je darde mon regard sur un tiroir à moitié ouvert du bureau, oh. OH ! Mais oui, quel sombre imbécile. Quelques Marvels se trouvent à l'intérieur, cachés à la vue de tous. Je m'en procure un. Pose mes pieds sur le bureau. Et commence les aventures. Qu'on ne vienne pas me déranger, c'est ma pause. Je suis fourbu. Et pour les papiers administratifs, c'est la porte d'à-côté. Sur la porte, c'est écrit [i]Marwin Lloyz-Lend » - j'ai pas encore osé les prévenir pour la mauvaise orthographe. Et, en dessous, est indiqué : surveillant. Pas gardien de chien. Déménageur. Horticulteur. Peut être bon à rien, par contre. J'en sais rien. Je veux juste quelques minutes pour qu'on me foute la PAIX!
P. Cleo Everson
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We are lonesome animals. We spend all our life trying to be less lonesome.
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Sujet: Re: D'où tu sors, toi ? ♣ CLEO Dim 1 Juil - 13:12
Marwin & Cleo
« D’où tu sors, toi ? »
Codage fait par .Jenaa
Je ne joue plus, je frappe. Vivement, avec force, violence, les touches blanches et noires du piano de la salle de musique de la faculté. La porte est fermée, à clef, de l’intérieur, parce que je ne veux pas qu’on vienne me déranger. J’ai besoin d’exorciser mes démons, de faire chier les gens. Je les vois, ces pauvres imbéciles, je les entends frapper contre le battant de la porte. Ouvre, ouvre, semblent-ils crier. C’est l’heure de notre répétition. Mais la pièce est insonorisée, et le piano joue fort, un morceau que mes doigts connaissent par cœur, trop par cœur visiblement d’après ce… professeur, si on peut appeler ça comme ça, venu tout droit du pays du soleil Levant. Je ne les entends pas, je n’entends que des bruits sourds, couvert par le frappé des touches, qui n’ont pourtant rien demandé à personne, mais qui subissent tout de même mes états d’âme. Mes doigts frappent, mes pensées sont ailleurs. Tournées vers quelqu’un, un homme. Mes pensées me renvoient son nom en pleine face comme les vagues grondantes des plages glaciales de Normandie renvoient l’écume, les algues, et l’amertume de la vie. Marwin. A l’évocation mentale de son nom, je sens mon cœur s’emballer, et une bouffée de rage remonter le long de ma gorge. Avec violence, je referme le cache des touches noir lustré, et recule mon tabouret. Je hais cet idiot. Je laisse tomber mes coudes sur le piano, et ma tête à l’intérieur de mes paumes, mon regard bleu fixé sur mes chaussures. Je respire avec difficulté. La vérité, c’est que je suis désemparée. Depuis que je l’ai revu, je ne sais plus quoi faire. Plus quoi dire, plus comment réagir. J’en rase les murs. Moi ! Cleo ! Je crois que j’ai juste peur de lui tomber dessus. … Peur… Un sentiment étrange, que je ne suis pas habituée à ressentir… Minute Papillon. Arrêt sur image, pause, on rembobine le film de ma vie… La première fois que j’ai vu son visage… Pâle, plus qu’à mon habitude je devrais dire plutôt, allongée dans un lit d’hôpital, vêtue d’une… chemise de nuit atroce. La honte absolue. Le goût amer de ce sentiment qui vous prend au tripe. Mes joues rouges d’indignation quand il avait osé pousser la porte de la chambre d’hôpital que j’occupais. Pendant huit mois. Je ne sais pas pourquoi il venait. Ou plutôt, pourquoi il continuait à venir. J’étais odieuse avec lui. Quand je ne passais pas mes nerfs de princesse emprisonnée sur les infirmières, c’était sur lui. Et en même temps… Je ne sais pas. Je crois que je m’étais habituée à sa présence. Mais ça ne m’avait pas empêché de me barrer du jour au lendemain sans un mot, sans le prévenir, l’avertir, rien. Quand le docteur avait signé cette fucking autorisation de sortie, j’avais plié bagage, pris mes cliques et mes claques, et j’avais marché sans me retourner jusqu’à la voiture qui m’attendait devant, ordonnant au chauffeur de conduire, et de suite. Je n’avais pas jeté un seul regard en arrière, pas un regret n’avait traversé mon âme, j’avais juste tiré un trait sur presque une année de ma vie. Et j’en étais fière, heureuse. De ce trait tiré, je veux dire. Je pouvais recommencer comme si tout était normal. Parfait. Comme avant, ou presque… Mais non. Le monde aime se jouer de nous. Le monde aime rire de nous, pauvres êtres humains. Les dieux, du haut de leur Olympe, doivent aimer ça, nous balancer de ci de là des « obstacles ». Des merdes, qui nous tombent dessus. Comme si le choix de mes « parents » de m’envoyer dans le Wyoming n’était pas déjà une humiliation suffisamment cuisante, il avait en plus fallut que je tombe sur lui. Arrêt sur image. Mon cœur avait cessé de battre, et ma boîte de Pandore mentale s’était ébranlée, comme si poser mes yeux bleus sur lui avait suffi à réveiller les démons qui sommeillaient à l’intérieur de moi. Avides de venir me torturer à nouveau, je les avais matés d’un sec : Ma valise est là. Comme si je ne le connaissais pas, comme si je ne le connaissais plus. Mais maintenant, tout était embrouillé dans ma tête, et je haïssais ça. Je le haïssais lui, pour être là. Et j’en avais assez, de cette situation. D’un bond, je m’étais relevée, renversant une caisse claire sur mon passage destructeur vers la porte d’entrée. J’avais poussé le verrou, ouvert la porte, et m’étais extirpée de la salle de classe, passant brusquement entre les élèves qui attendaient, frappaient, s’impatientaient depuis maintenant vingt-sept minutes. Peut faire mieux. Je descends les escaliers presque en courant, les talons de mes chaussures claquant contre les marches. Je fulmine, je suis furieuse. Il y en a un qui va prendre cher. Avec rage, je pénètre dans le couloir où sont les bureaux du personnel. Personnel, ces gens minables qui ont tout raté à leur vie. Des rebuts de la société. Ceux dont personne ne veut. Mes yeux aux teintes glaciales percutent chacun des noms inscrits sur les portes, tandis que j’avance à pas empressés dans le couloir. Où il est. Où-il-est ! Je m’arrête, recule de deux pas. Marwin. Là. C’est son bureau. J’avance la main, déterminée, pour me saisir de la poignée, mais je me stoppe, net. J’inspire, brusquement, expire, tout aussi brusquement. Et je ferme les yeux. Je crois que je n’ai pas envie de le voir… Non. Si. Je n’ai pas envie. Mais je veux savoir. Prise d’une folie passagère, j’ouvre la porte du bureau, et entre, claquant la porte avec violence derrière moi. Il est là, comme un imbécile. Les pieds posés sur le bureau, avec l’impression qu’il va se casser la figure dans les deux secondes. Je pose sur lui mon regard mauvais, m’avance, et viens claquer mes paumes contre la surface lisse de son bureau.
« Qu’est-ce que tu FOUS ici ?!! » je siffle entre mes dents.
Dans ma poitrine, l’organe chargé d’assurer notre survie fait des bonds incroyable. La rage enserre mon cœur. Pourquoi, pourquoi, pourquoi est-ce qu’il est ici ?
G. Marwin Lloyd-Lenz
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Sujet: Re: D'où tu sors, toi ? ♣ CLEO Dim 8 Juil - 23:37
Les pages s'enchaînent, m'absorbent dans leur univers fantastique. Je passe de bulles en bulles, suis les machinations de l'AIM – Advance Idea Mechanics. Les discours de MODOK. Leurs idées pour conquérir le monde. Leurs avancées. La manière dont ils se font contrer. Chaque page me ramène peu à peu vers l'enfance. Vers ce temps où je me prenais pour des employés de la division alpha, pour un des quatre fantastiques, courant à travers l'appartement de mes parents. De mes vieux, oui – poursuivant mon frère à coup de boulette de papier, criant « SUS A L'ENNEMI ». Je penche la tête, me dis que – peut être – il serait intelligent de prendre de ces nouvelles. Histoire de savoir s'il s'en sort avec sa psychopathe de copine. S'il a réussi à rembourser « je-ne-sais-quelle-dette ». S'il est toujours vivant. Je jette un coup d'oeil à mon portable, appuis sur quelques touches avant de souffler. FUCK. J'ai encore oublié – il me semble – de recharger les batteries. Tant pis. Ce sera pour demain. Je soupire, me remets dans la lecture de l'ensemble. Les Marvels me coupent de monde, m'entrainent ailleurs. Ailleurs. BAM. La porte claque – j'en sursaute. Me retiens comme je peux, équilibre précaire. Le comic s'envole dans les airs, atterrit au sol – j'en grimace. J'ai pas eu le temps de noter la page. Ainsi donc, une tornade rousse vient d'entrer dans mon bureau. Douce et tendre Cleo : ravis de te revoir !
Ses paumes claquent sur mon bureau – non, non ! J'ai pas fini de le fixer, ce pauvre bureau ; le pied n'est pas encore très résistant. D'ailleurs, c'est pour ça que je n'ai rien mis dessus – à l'exception de mes pieds, logique. Le choc de ses paumes de répercute, j'entends un CRAC provenir de « je-ne-sais-où ». Non, non. Je n'ai pas le temps de me redresser, de retrouver mon équilibre. Du coin de l'oeil, je vois le pied lâcher – du bureau. L'ensemble s'effondrer, moi compris. Je suis vraiment, vraiment, ravi de te revoir. « Qu’est-ce que tu FOUS ici ?!! » Je relève la tête, me masse le crâne. La puissance de sa voix m'interpelle, me mets mal à l'aise. Pourquoi, pourquoi?. J'en reste le souffle coupé, sous le choc. De sa présence, de son arrivée flamboyante. Et de cette haine qu'elle semble contenir. Oé, gamine, tout va bien se passer. Je me relève difficilement, lance un sourire – toujours en me massant le somment du crâne. « GOSH ! Ton but serait-il de me tuer ? » Je contourne le bureau, ramasse le comic, l'enfourne dans le tiroir. Pas un regard, pour le moment, pour la tornade rousse, non. En ce moment précis, je me demande comment, comment oui, je vais pouvoir réparer ce bureau. J'attrape la planche du haut, la tire. Donne quelques coups le pied – sans succès. Pire même, j'ai l'impression d'entendre un « crac » supplémentaire, on va s'arrêter là. Je n'ai pas envie d'avoir de dettes envers l'université sans avoir touché mon premier salaire. J'avise la situation, hausse les épaules : je verrai ça plus tard.
On change de sujet. Retour à l'élément perturbateur : Cleo. Je soupire, me surprends – encore – à hausser les épaules. « Tu oublies déjà ce qu'on t'a dit, là-bas. Il faut que tu apprennes à maîtriser tes émotions, petite ! » Je souris, m'approche d'elle pour lui ébouriffer les cheveux – comme avant. Je continue ma marche, ferme la porte avant de m'enfoncer dans un de ses fauteuils qu'on m'a – gracieusement – apportés. Une manière de lui rappeler le temps qu'on avait passé ensemble. Là-bas. Une manière de la mettre à l'aise, de la titiller. Sérieusement, je pensais qu'on avait fini par devenir proche. Qu'elle avait fini par accepter ma présence quasi-quotidienne. Mais pitié, non : ce n'était certainement par pour avoir un moyen de pression sur elle ou quoique ce soit. Non. Je ne faisais pas parti de ces gens, photos dossiers à portée de main, prêts à balancer toutes les ignominies du monde juste pour pouvoir écraser l'autre. Les autres. Se sentir importants. Etrangement, à la réflexion, je me dis que Cleo devait faire parti de ces gens-là. Qu'elle en fait peut être parti, je ne sais pas. Me voilà à froncer les sourcils, preuve de ma réflexion. La décharge se fait immédiate, je me relève, empoigne gentiment la gamine pour la tirer vers la porte. Du doigt, je lui montre la pancarte. Tapote plusieurs fois dessus, ricane. « C'est mon chez-moi, tu vois. Je travaille là. Maintenant, à la rentrée, pour quelques temps. Tu suis ? » Oui, oui. De toutes manières, elle n'a pas le choix. Du pied, je referme la porte. Elle claque. La brune d'à côté relève la tête. Je la salue de la main à travers la glace – merde. Allez, respire donc, Gidéon. Je me frotte le nez, mets la bouilloire en route. « J'ai que du thé « Bonne nuit », ça t'ira ? Enfin, ça ne te fera pas de mal. Faut se détendre, tu sais ? Expiration, inspiration : tu te souviens ? » Bon, par contre, je ne te propose pas à manger, vrai ? D'un coup de coude, je soustrais à sa vue un paquet de gâteau – la petite est soignée, certes, mais je ne sais plus son rapport avec la nourriture. Cela s'est-il amélioré ? Est-elle devenue boulimique ? Psychopathe ? Suicidaire ? Je ricane à mes pensées, me frotte encore la tête – je sens la bosse arriver – avant de la fixer du regard. Droit dans les yeux. Tu ne peux rien me cacher, gamine. Dis moi ce qui ne va pas, dis moi pourquoi tu es là. Je lui tends la tasse, lâche un : « Grouille, je me crame les mains. » Prends-la, prends-la donc. Promis, je n'essaie pas de t'empoisonner. Retour à la situation quasi initiale. J'enfonce de nouveau mes fesses dans le fauteuil – Ô combien moelleux. L'envie d'y dormir pour m'économiser le loyer vient me titiller. En attendant : FOCUS ( référence canadienne ). « Tu voulais me dire quelque chose ? » M'expliquer ton comportement de furie ? La passion qui t'habitait lorsque tu as pénétré ici ? Me dire n'importe quoi, même. Tu fais ce que tu veux, Gidéon est là pour toi. Ou presque.
P. Cleo Everson
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Sujet: Re: D'où tu sors, toi ? ♣ CLEO Lun 9 Juil - 0:53
Marwin & Cleo
« D’où tu sors, toi ? »
Codage fait par .Jenaa
Pourquoi, comment, dans quel but ? Autant de questions qui n’obtiennent pas satisfaction dans mon esprit. Je m’énerve, toute seule, contre ce piano innocent. Crétin ! Je frappe, massacre les touches, la mélodie aussi. Je ne tiens plus en place, je n’y tiens plus. Je me lève, claque la porte. Je suis énervée, je fais du bruit, beaucoup de bruit. Portes, sol, je fais trembler les murs, même. Je passe ma rage sur des objets inanimés qui ne peuvent pas se défendre. Plus je fais de bruit, plus je laisse libre court à ma colère. Je cherche son bureau, et le trouve, forcément, car lorsque l’on cherche quelque chose, on le trouve. Violence et rage se mêlent en moi, alors que la porte de son bureau s’ouvre en coup de vent (le vent, c’est moi) , rebondissant contre le mur, alors que je suis entrée dans la pièce. Ca tremble sur les murs. Un château de carte. Bam. Bam. Bam. Mes pas, moi qui m’avance sur le bureau. VLAN. Mes paumes qui s’abattent dessus. Ma voix, qui résonne, rugit dans la pièce presque. Qu’est-ce qu’il fait ici. Il, c’est lui. Gideon. Marwin. Je ne sais pas, l’un, l’autre, les deux. Ça dépend de mon humeur. Je crie, et soudain, un bruit étrange retentit. Sous mes yeux ébahis, le bureau que je viens de frapper s’effondre. Je fais un petit saut en arrière, cligne des yeux. Etonnée, choquée. Woh ! Je regarde mes mains, vérifie que je ne deviens pas verte. Je tiens à mes vêtements, ils coûtent cher, et qui plus est, Hulk est loin d’être sexy : je ne voudrais surtout pas me transformer en monstre vert abominable. Mon regard passe de mes mains au bureau, ou ce qu’il en reste plutôt, puis de nouveau à mes mains, que je finis par laisser tomber le long de mes cuisses. Et enfin, je le regarde. Lui. La raison de ma venue dans cette pièce. Il n’a pas changé. Toujours la même tête, la même coupe, le même air sur le visage, le même regard, les mêmes fringues, les mêmes chaussures. Si inchangé… Comme si… nous nous étions quittés hier. Et pourtant, non. Ça remonte à des semaines. Des mois. Combien ? … Un ? Deux ? Trois peut être… Sa main vient effectuer un mouvement (avant, arrière, avant, arrière, avant, arrière, avant…) au niveau de son crâne, et le voilà se redressant, avec un sourire aux lèvres. Moi, je ne lui souris pas. Je veux ma réponse. Je veux savoir ce qu’il fait ici. Pourquoi il est ici. Quel est son but en étant ici. Je ne pensais plus jamais le revoir, et j’en étais très heureuse. « GOSH ! Ton but serait-il de me tuer ? » Je viens croiser les bras sur mon ventre, et hausse un sourcil. Non, ce n’était pas mon intention première, mais à vrai dire, puisque tu proposes… Je peux toujours engager un ou deux tueurs à gage, et le problème « GIDEON MARWIN » ne sera plus qu’un lointain souvenir. Pour mon plus grand bonheur, plaisir, et celui de tellement d’autres personnes, j’en suis certaine. Je l’observe luter avec les planches en bois qui, quelques minutes plus tôt encore, lui constituaient un semblant de bureau plus ou moins potable (et la tendance penche plutôt drôlement pour le moins), et laisser tomber, lorsqu’un autre bruit étrange, de ceux qui avaient précédé la chute du meuble un peu plus tôt, résonne. Plus prudent, en effet. Je fixe quelques instants cet amas de déchets. Pense à l’arbre qui a été coupé, tailladé, massacré (image des plus plaisantes), pour finalement fabriquer un truc aussi inutile et de mauvaise qualité. Un sacrifice bien inutile. Propre à la race humaine. « Tu oublies déjà ce qu’on t’a dit, là-bas. Il faut que tu apprennes à maîtriser tes émotions, petite ! » Je relève la tête, reprenant conscience de sa présence dans la pièce. Je lui lance un regard froid, mauvais, méchant, si méchant.
« La ferme ! » je siffle entre mes dents.
D’où il se permet de parler ? De parler de ça ? De … ça. Je me crispe lorsqu’il m’appelle petite. Je déteste quand il m’appelle petite. Je lui ai dit, des dizaines de fois, il n’a jamais arrêté. A force, j’avais fini par m’y habituer. A force, j’avais fini par me faire à ce surnom. A l’apprécier, même. Il passe près de moi, et lève sa main, pour venir ébouriffer ma crinière rousse. L’espace d’une seconde, je me sens… adoucie. Nostalgique. De ces huit mois passés en sa compagnie. Geste quotidien, qu’il reproduisait, encore et encore. Je n’sais pas pourquoi il passait son temps à m’ébouriffer les cheveux. Ce que je sais, c’est que ça me faisait bizarre quand il ne le faisait pas. Et comme à chaque fois, je lève mon bras en guise de protection, et le frappe du dos de ma main.
« Touche pas à mes cheveux tu vas les salir. »
J’ai l’impression d’avoir prononcé cette phrase mille fois… Mais je ne souris plus, cette fois. Lui, oui. Il ferme la porte, toujours en souriant comme un idiot, et s’assoit dans un fauteuil. Moi, je reste debout, droite, froide, glaciale même, étrangère, à le regarder. Je ne veux pas qu’on discute. Je ne veux pas qu’il me demande comment je vais. Je ne veux pas qu’il me raconte sa journée. Je veux qu’il me réponde, et disparaisse de ma vue, de ma vie, à jamais. Le passé est fait pour rester passé. Il se lève, je ne bronche pas. Je ne veux qu’une chose, une simple chose : réponds à ma demande, et disparait. OUST ! Zou ! Elfe de maison, je te donnerai un vêtement, s’il n’y a vraiment que ça pour te faire débarrasser le plancher. Sa main vient s’enrouler autour de mon poignet, et il me tire vers lui, et vers la porte. Je fais deux pas en avant, ne résistant même pas, me laissant emporter. Molle. Comme lorsque l’infirmière m’avait flanqué dans cette putain de chaise de merde, en lui disant que c’était l’heure de ma promenade, le jour où il avait débarqué dans ma chambre, en demandant où était l’autre. Pas d’autre. Juste moi, et personne qui ne se souciait de moi, personne qui ne savait, de toute façon, où j’étais. Sauf lui. « C’est mon chez-moi, tu vois. » Son nouvel appartement ? Il se prenait pour Harry Potter en mode « je dors dans le placard sous l’escalier » ? « Je travaille là. Maintenant, à la rentrée, pour quelques temps. Tu suis ? » Je le fusille du regard.
« Pourquoi ? »
Abrupte, rude, sans aucune douceur. Question directe. Réponse simple. Il referme la porte, qui claque, et m’abandonne sur place, avant d’aller… ailleurs. J’ai le regard fixé sur la porte. Je lis, à l’envers, inversé, en écriture miroir, le nom. Marwin Lloyz-Lend. « J’ai que du thé « Bonne nuit », ça t’ira ? » Je tourne la tête vers lui. Hésite une seconde, puis, doucement, vient la hocher. De haut bas, puis, de bas en haut. « Enfin, ça ne te fera pas de mal. Faut se détendre, tu sais ? Expiration, inspiration : tu te souviens ? » Je me crispe à nouveau, hésite à traverser la pièce pour l’étouffer avec son thé ridicule, et le finir à coup de bouilloire, avant de lui balancer de l’eau chaude dessus.
« Je t’ai pas déjà dit de te la fermer ? »
Si, et s’il se souvient bien, je n’aime pas me répéter. Mon corps effectue une légère rotation, et je me retrouve les deux pieds tournés dans sa direction. Le reste du corps aussi, vous vous en doutez bien. La bouilloire siffle, je le regarde s’affairer, et me tendre la tasse, le sachet de thé flottant lamentablement à la surface. « Grouille, je me crame les mains. » Mauvaise, j’attends, une seconde, avant d’avancer, lentement, dans sa direction. Je détache la tasse de ses mains (petite nature va !), et souffle à la surface du thé. Mes yeux dans les siens. Il se laisse tomber, à nouveau, dans le canapé et, pour ne pas changer, je reste plantée là, debout, droite. La tasse entre les mains (je prie, intérieurement, pour qu’il l’ait lavé). « Tu voulais me dire quelque chose ? » Je m’avance jusqu’à la petite corbeille plus loin, fait monter et descendre le sachet de thé dans la tasse, regarde l’eau limpide se teinter, le thé dessiner des arabesques, avant que le tout ne devienne homogène. Encore quelques mouvements, de bas en haut, de haut en bas, et je jette le sachet dans la corbeille. Pouf. Je porte la tasse à mes lèvres, les trempe dans le liquide. Brûlant. Tant pis, je bois quand même.
« Toujours rien qui marche hein. Je suis sûre que tu as oublié de recharger ton téléphone, et que tu as laissé tomber ton…baladeur dans l’évier. »
Baladeur… Tellement has-been ! Il devrait songer à investir dans un IPod, sérieusement. Je porte à nouveau mes lèvres à la tasse. Mes lèvres sont nues, point de trace de rouge à lèvre sur le rebord. Je me tais, observe la pièce, l’observe, lui. Est-ce que je voulais lui dire quelque chose ? … Oui. Je pose la tasse.
« Pourquoi t’es ici. »
L’intonation de ma voix reste neutre, point de montée, qui pourrait oralement signifier qu’il s’agit-là d’une question. Pourtant, s’en est une. Il faudrait être stupide pour ne pas s’en être rendu compte.
G. Marwin Lloyd-Lenz
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Sujet: Re: D'où tu sors, toi ? ♣ CLEO Dim 15 Juil - 22:07
Amusant : le regard de Cleo après avoir violenté mon bureau. Terriblement amusant. Elle regarde ses mains, je réprime un sourire. Il est hors de question de laisser échapper un rire, un sourire. La moindre information lui permettant d'analyser qu'elle était marrante. Elle se définissait insupportable, j'aurais plutôt tendance à dire paumée. Ces choses-là, on ne peut pas me les cacher. Je le sais, je le sens. Cleo n'est pas la brute qu'elle pense être – enfin, vu l'état de mon bureau : si. Je penche la tête, l'observe du coin de l'oeil. Elle me semble énervée – pour ne pas changer. Sur les nerfs. Prête à changer la face du monde avec ses paroles, prétendument blessantes. Too bad, gamine : je te connais, ça ne fonctionne pas sur moi. Pendant ces huit mois, j'ai eu l'occasion de m'immuniser. Un vaccin de mots. De situations. De contestations. Qu'elle conteste donc ; je ne l'écoute pas. Ne l'écouterai pas. Finalement, j’abandonne l'idée de remettre en place mon bureau, de le remettre sur pied. J'aurais bien le temps, dans les jours à venir. Peu de gens à surveiller, des arrivées sporadiques. Au moins, ce sera l'occasion de changer de registre, de garder le suspense du Marvel – bien que l'état du bouquin confirme que je n'en suis pas à la première lecture. Economie, économie. Je parle, elle ne m'interrompt pas. Quels progrès ! Pourtant, pourtant : je croise son regard. Noir. Mauvais. Allons bon, elle a ressorti le costume du vilain super méchant. Je souffle, m'attends à tout de sa part. Que va-t-elle donc me sortir ? « La ferme ! » Deux pauvres mots, sifflés. Je suis blessé. Ou presque. Je penche la tête sur le côté. Avec l'idée en tête de ne pas me taire, justement. J'hausse les épaules, affiche finalement un sourire avant de la pointer du doigt. Non, non : ça ne se passe pas comme ça. Je bouge l'index de droite à gauche, négation en concordance avec mes pensées. « Enfin, petite ! Pas de grossièretés! ». Reprends toi donc. Etouffe cette pseudo-rage au fond de toi, étouffe-là donc. Et cette impression, au fond de moi, d'être revenu quelques mois plus tôt. Impression confirmée par ce geste après lui avoir ébouriffer les cheveux. Rien de mieux pour me dire que, finalement, elle peut encore être sauvée – façon de parler. Elle se venge, me « frappe » du dos de sa main – je ricane. Comme avant, comme avant. Whouais, tu m'as manqué, gamine. Ton « Touche pas à mes cheveux tu vas les salir. » également. Mon sourire s'étire tandis que la question se fraye un chemin dans mon esprit : pourquoi. Pourquoi être partie sans un mot – écrit ou oral ? Pourquoi ne pas avoir donné de nouvelles ? Pourquoi, pourquoi ? La honte, l'envie de recommencer une nouvelle vie ? Mais, dans ce cas, pourquoi lâcher cette phrase – vieille habitude ? Je me perds dans me réflexions, tente de comprendre la chose. Mais le mystère « Everson » reste entier à ce jour. Indéchiffrable, qui plus est. Je fronce les sourcils, la découvre toujours froide. Arrête donc de bouder, ça ne te va pas. Mollement, elle me suit. Je lui présente mon bureau, amicalement. En contre-partie, elle me fusille du regard.
« Pourquoi ? » Ah, non non ! Je conteste, je proteste : ce pourquoi, c'est le mien. Celui qui me titille depuis ce jour. Ce fameux jour où la rousse a disparu. Et l'autre jour, tout aussi fameux, où elle a débarqué ici. Sans un mot. Ce pourquoi, ainsi, c'est le mien. Mes empreintes y sont gravées, incrustées. Je n'y répondrai pas. « Pourquoi … pourquoi ? » Hein, dis moi ? J'arque un sourcil, désireux de connaître sa réponse. Tandis que elle, elle, se contente toujours de me liquéfier sur place – ravie qu'elle ne possède aucun pouvoir. Changement de stratégie, donc. On fait comme si je n'avais pas entendu sa question. Comme si elle n'était pas partie. Du thé ? Elle hésite, hoche la tête : un point pour moi ! Je souris à cette idée, me dis que je devrais arrêter – elle va sentir le piège. Ou, du moins, son esprit malade va tenter d'en imaginer un. La complexité : son domaine. La simplicité : le mien. Enfin, d'un premier abord. Ca se complique toujours à mes dépends – malheureusement. Je lâche quelques mots, pour lui rappeler le passé. Elle mord, prend la mouche, lâche : « Je t’ai pas déjà dit de te la fermer ? » Je secoue la tête – prévisible. Pauvre être caractériel. Je soupire, souris, ajoute un « Et à propos des grossièretés, tu m'écoutes aussi ? » sur le ton de la confidence. Tu jures, je ne me tais pas. Aussi simple que cela.
Et voilà une vengeance ridicule : attendre. Attendre qu'elle désire – enfin – prendre la tasse que je lui tends. Je soupire – capricieuse ! Gamine entêtée ! Mal élevée ! D'autres adjectifs me passent en tête mais, étrangement, je n'arrive pas à me défaire de mon sourire. Je la regarde s'affairer, toujours debout. A la réflexion, elle devait avoir raison. Il me semble sentir un ressort à travers le fauteuil. Etrange, étrange. Je fronce les sourcils, me dis que je devrais y jeter un œil – plus tard. Le sachet finit dans la poubelle ; je ne dis rien. J'attends. Encore. Qu'elle crache ce qui la taraude – mais par pitié, épargne moi le pourquoi. « Toujours rien qui marche hein. Je suis sûre que tu as oublié de recharger ton téléphone, et que tu as laissé tomber ton…baladeur dans l’évier. » AH ? Cleo ou l'art de souffler du chaud. De souffler du froid. Je ne sais pas sur quel pied danser, me demande comment prendre la chose. Sommes-nous sur la bonne voie ? Pourtant, me voilà en train de douter. Je porte mes mains à ma chemise, tâtonne mes poches. Pas de baladeur en vue, pas du tout. L'a-t-elle vu dans l'évier, grouillant entre deux tasses, deux assiettes, quelques couverts ? J'essaie de faire revenir les souvenirs, me demande où j'ai bien pu le déposer. La vérité éclate bientôt : il est tombé alors que je m'improvisais « bagagiste ». Avant de se faire écraser lorsque la voiture était repartie. Pauvre baladeur, RIP à son âme. Et à sa faible capacité de mémoire. Je secoue la tête, efface ses pensées – ravi de voir qu'elle semble plus encline à parler. « Pourquoi t'es ici. » Je soupire : j'avais demandé pas de pourquoi. J'avale une gorgée, pose la tasse sur le rebord du fauteuil. Je ne te répondrai pas. « T'écoutes toujours pas ... » D'un signe de tête, je lui montre l'extérieur. La pancarte à l'extérieur du bureau. Comme pour lui rappeler la conversation d'il y a … quelques minutes ? Je penche la tête, fixe sa crinière rouge. « D'ailleurs, j'y pense : ravi de te revoir ! » Je lâche l'expression, reprends ma tasse, l'élève à son encontre. Pas de champagne pour célébrer nos retrouvailles, non. Juste une tasse de thé. Et on fait comme si tu n'étais pas parti ? OUI. NON. Peut être ? « Tu veux grignoter un truc ? » La question m'a échappé. Réponds moi oui, Cleo ! OUI ! Ne me dis pas que ces huit mois ont été : inutiles. « Mais dis moi, t'étais partie où ? Tu t'étais faite embarquée dans ton sommeil, piégée par un sort t'empêchant de me laisser un mot ? » Du genre « la belle au bois dormant », quelque chose comme ça. La question aussi m'a échappé. Mais j'affiche toujours un sourire. Bienveillant, le sourire. Gidéon. Le mec à l'éternel sourire. Toujours à s'occuper des autres, de ce qu'ils pensent, de comment ils se sentent. Je repenche la tête, avale une gorgée. Dernier regard vers mon bureau – dépité. « Et, sinon : pourquoi ? » Et n'évite pas la question, démon roux. Ne tente même pas de l'éviter. Ma vengeance va être terrible.
P. Cleo Everson
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Sujet: Re: D'où tu sors, toi ? ♣ CLEO Lun 16 Juil - 15:01
Marwin & Cleo
« D’où tu sors, toi ? »
Codage fait par .Jenaa
Le voir est douloureux. Pas comme lorsque l’on voit l’homme que l’on aime au bras d’une autre, lorsque l’on croise sa meilleure amie avec le type qui vous plaît, en train de s’embrasser langoureusement sous un porche. Pas comme quand on baisse les yeux pour regarder un nom sur une pierre, parmi d’autres pierres. Le voir est douloureux. Une douleur qui vient fourmiller dans mes veines. Le creux de mes bras me gratte, comme si je sentais encore l’aiguille enfoncée dedans. J’ai l’impression que les murs de la pièce sont blancs, qu’il y a un lit dans un coin. L’odeur entêtante est présente tout autour de moi. Le voir me transporte jusqu’à ce lit d’hôpital que j’avais rayé de ma mémoire. Le voir ravive ces souvenirs que j’avais pourtant voulu oublier. Un mois. Deux mois. Trois mois. Quatre mois. Cinq mois. Une amélioration, une sortie envisagée. Six mois. La chute, aux enfers, les hurlements. Sept mois. Huit mois. Besoin de sortir. Vital. Je devais partir. Partir de là, m’en aller, m’échapper, retourner vers lui. Il était trop tard, bien sûr. Mais je devais partir. Quitter cet endroit, ne jamais y revenir. Et là, debout, dans la pièce, devant cet imbécile qui venait volontairement me rappeler ces huit mois passés ensemble, je me trouvais désemparée. La ferme ! Mais il s’en fiche. Considérablement. Ses épaules se haussent, il bouge son doigt, de droite à gauche, de gauche à droite. Non. Non. Non. « Enfin, petite ! Pas de grossièretés ! » J’arque un sourcil. Sérieusement ? Il est… il est sérieusement sérieux là ? Bon sang, il me fait rire ! Sauf que je n’ai pas envie de rire, j’ai juste envie qu’il me dise ce qu’il fiche ici, à cet endroit, dans cette ville, dans cette partie du pays. Pourquoi ? Pourquoi, pourquoi, POURQUOI ? Qu’est-ce que j’ai bien pu faire au ciel pour mériter ça ! Je vous jure, Dear Lord, dimanche prochain je vais à l’église et glisse un Benjamin Franklin pour la quête ! Sa main, dans mes cheveux. Ma main, qui le frappe, le repousse, cette phrase, prononcée des centaines de fois. Entre mes seins, dans ma poitrine, mon cœur se serre. Petit pincement. Etrange pincement. Je le chasse d’un revers de mon esprit, comme on chasse une mouche qui nous enquiquine du revers de la main. Je le regarde. Ne pense plus à rien, plus qu’à ce « Pourquoi », qui résonne dans mon esprit. « Pourquoi… pourquoi ? » Mes sourcils se froncent, et je viens croiser les bras sous ma poitrine. Il se croit drôle, à jouer à l’oiseau savant, au perroquet au rabais. C’est moi qui pose les questions gars ! Moi, pas toi. Toi, tu réponds, c’est tout. Il évite la question. Prend soin de me rappeler le passé, encore. Je fronce les sourcils. Mais tais-toi, bon sang ! « Et à propos des grossièretés, tu m’écoutes aussi ? » Je lève les yeux au ciel. Non, je ne t’écoute pas, quelle importance ? Je ne t’écoute pas, ne t’écoute plus. Et l’emmerde en ne venant pas prendre la tasse pseudo brûlante qu’il me tend. On embête les gens comme on peut, hein. J’ai déjà cassé son bureau. De toute façon, je suis sûre qu’il était cassé avant. Ce type a la poisse. Je veux dire, huit mois passés en sa compagnie m’ont suffisamment éclairé sur ce point. La guigne. Gidéon la guigne. Son bureau. Sa chute. Son portable et son baladeur, je suis certaine. J’hausse un sourcil en le regardant tâter ses poches. A la recherche dudit portable ou baladeur ? Et voilà, je le savais. J’ai toujours raison, BON SANG ! C’est que ça en deviendrait lassant, presque, à force. Mes lèvres trempent dans le thé au nom ridicule. Bonne nuit, non mais pitié ! Où ils vont chercher ça ! Je le regarde se tortiller dans le fauteuil, et finis par lâcher à nouveau, cette question qui flotte sans relâche dans mon esprit. Pourquoi. « T’écoutes toujours pas… » Si, regarde ! Mes yeux rivés sur toi sont grands ouverts, et mes oreilles également. Je bois tes mots au lieu de boire ce thé, et j’attends, attends, attends pour écouter, comprendre, savoir. Il pointe sa porte. Mes sourcils se froncent. Voilà qui ne répond pas à ma question. Pas du tout. Ce n’est pas une réponse « je travaille ici ». Ça, je l’ai compris toute seule. « D’ailleurs, j’y pense : ravi de te revoir ! » Puisque ce n’est pas de ses paroles que je vais me repaître, autant tremper à nouveau mes lèvres dans le liquide brûlant.
« J’imagine. »
Bien sûr qu’il est ravi de me revoir ! Tout le monde est ravi de me voir, me revoir. Je suis l’illumination suprême de sa vie, le but ultime. Moi aussi… Ou pas. « Tu veux grignoter un truc ? » Je relève la tête vers lui, le regard, comme s’il n’était qu’un être inférieur et stupide, indigne de mon intérêt.
« Non… »
Le dégoût, si perceptible dans ma voix. Grignoter un truc ? Il me prend pour qui ? Non, je ne veux pas grignoter, ou manger quoique ce soit. Ma gorge est nouée, mon estomac retourné, et je suis en colère. Je ne mange pas quand je suis en colère. A vrai dire même quand je ne suis pas en colère, je ne mange pas. Trois repas par jour, quand l’envie m’en prend (rare). Quelques framboises au petit déjeuner, un jus de fruit. Une poignée de céréales, après l’entraînement. Mes humeurs rythment ma vie alimentaire. Parfois, la mélancolie me surprend, et je me retrouve à manger, manger, manger. Des pâtes, par exemple, et puis deux mousses au chocolat. Mais ça ne reste pas dans mon estomac bien longtemps. Vous vous en doutez bien. « Mais dis-moi, t’étais partie où ? Tu t’étais faite embarquée dans ton sommeil, piégée par un sort t’empêchant de me laisser un mot ? » Je tourne la tête. Alors… Il avait remarqué mon départ ? Il s’était posé des questions ? Il l’avait regretté ? Je lui avais manqué ? … Une chaleur étrange s’empare de mon cœur, alors que je souris, intérieurement, touchée. Sourire que je chasse, bien qu’uniquement mental. Bien sûr qu’il avait remarqué mon départ, bien sûr que je lui avais manqué. Je suis Cleo Everson, ai-je besoin de vous le rappeler ? « Et, sinon : pourquoi ? » Je le regarde à nouveau, plongeant mon regard bleu dans le sien.
« J’ai posé la question la première. »
Moi d’abord ! Toi, tu te tais, tu te contentes de répondre aux questions que l’on te pose, aux questions que je te pose. On joue selon mes règles. C’est moi qui choisis, moi qui décide, toi qui parle, toi qui… explique.
] « Je suis juste rentrée dès que les médecins m’ont donné l’autorisation. » Ma gorge s’assèche. Je déteste en parler. « Je suis partie sur le champ, et je suis retournée à Washington. Point. »
Faux. Ce n’est pas à Washington que je suis allée. Pas tout de suite. L’avion a décollé, m’emmenant de ‘autre côté des Etats-Unis. A un endroit où je n’avais pas pu être. Là où aurait dû être ma place, et où je n’avais pas été. Juste une journée. Après, j’ai fait un saut à Washington. Pour les voir, lui et elle. Je les ai juste regardé, les ai laissé me toucher, me prendre dans leurs bras, et puis je suis partie dans le New Jersey. The Lawrenceville School. L’un des meilleurs pensionnats des Etats-Unis. Virtus Semper Viridus, qu’ils disaient. Finir mon année, obtenir mon diplôme. Envoyer mon dossier aux grandes écoles. Atterrir ici, dans le Wyoming. J’ai dû y passer 31heures, à Washington. Mensonge, mensonge, encore des mensonges. De toute façon, ma vie est un mensonge. Et ce qui m’intéresse, c’est ce que LUI a à me répondre.
« Pourquoi tu es ici ? »
G. Marwin Lloyd-Lenz
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Sujet: Re: D'où tu sors, toi ? ♣ CLEO Sam 21 Juil - 21:01
Ainsi, le démon roux est de retour. Amusé, je secoue la tête, la regarde du coin de l'oeil – elle n'a pas changé. Pas tellement changé, plutôt. Son regard me percute, j'en souris encore plus. Son regard : à mi-chemin entre l'amusement et l'énervement tandis que ses lèvres sont pincés afin de retenir des mots, des insultes, que sais-je encore. Je me souviens de cette expression, la sienne, lorsqu'on me l'avait collé entre les bras. Elle me criait – silencieusement – un sorte de « NOWAY mais qu'est-ce que tu fous ici péquenot ? », j'étais passé outre ce regard. Outre tout, à vrai dire. Avait seulement laissé coulé : je sortais de taule et j'avais du temps à perdre. Cette plainte muette avait fini par s'étouffer, par se diluer – elle n'avait pas eu le choix. Je venais, elle encaissait : point. Son regard s'était adoucie – par moment (douceur et Cleo ne vont pas de paire). Ses phrases s'étaient faites plus douces, également. Avant qu'elle ne parte – pâle copie de Houna qui s'était faite la malle avant elle. Je renifle, souris à ces souvenirs qui reviennent – lentement. Et puis, là, la situation me frappe. J'ai la vague impression d'être revenu huit mois auparavant. Une histoire de regard et de plainte muette encore. NOWAY mais qu'est-ce que tu fous ici péquenot ?
« J'imagine. ». Je fronce les sourcils, me demande : « Comment ça, j'imagine ? ». Que peux-tu bien imaginer, gamine, dans ta petite tête ? Je m'interroge, tente de décortiquer ces deux mots. J'imagine, j'imagine … de mon côté, je ne comprends pas. Imaginer que je suis ravi de la revoir ? COMEON, Cleo : la réflexion est puérile. Décalée. Décalée. Je l'imagine en déphasage avec son temps. Erreur de Δt – elle a quelques années de retard. Déphasage de φ, également. A croire qu'elle est montée à l'envers. Que son esprit fait tout in the other way round. Les ondes se séparent – ondes cérébrales, hein. Opposition de phase, les maxima sont à l'opposé. Contradiction, les signaux sont brouillés. Et là, la sentence tombe : « Non. ». Le dégoût dans sa voix m'accable ; je ne sais pas si je dois quitter ce sourire ou afficher une moue boudeuse. Dans le doute, je trempe mes lèvres dans mon thé, manque de m'étouffer. Tousse, tousse encore : diversion intéressante afin d'oublier le froid du moment. OK, promis : toute discussion autour de la nourriture est proscrite. Dommage, triste. Je crois que je suis déçu.
Je lève un œil vers la rousse, souffle sur le dessus de la tasse. Le moelleux du fauteuil – à l'exception des ressorts – me renvoie à un de ses vieux films où l'ancêtre préside enfoncé dans son siège, whiskey à la main, fusil au sol. A la différence que, l'alcool et moi, ça fait plutôt deux. Je souffle encore, lâche ma question, remarque ce changement de regard de Cleo. AH-HA, gamine ! Te voilà démasquée ! Sous ton cœur de pierre se trouve des sentiments, je le savais. Le sentais. Normal : j'ai eu le temps de te découvrir en ces quelques huit mois. Pourtant, je me garde de faire la remarque. Continue de me croire ancêtre de ces lieux – ce qui est vrai, en soit. J'avale une autre gorgée, elle me fixe. Confrontation des regards et là, cette phrase : « J’ai posé la question la première. » Poser le verre sur la table : checked. La regarder : checked. Discuter : loading. OK. Je soupire, secoue la tête – retenant d'agiter mon index. L'envie ne me manque pas, pourtant. Non, non, non. « Tututu, jeune fille. Cette question, ce pourquoi : elle m'est apparue dès que j'ai découvert un lit vide. Alors ? » Alors, n'essaie même pas d'esquiver. Si tu veux une réponse, contente toi – déjà – de répondre à ma question. Cette question à la noix, ce pourquoi brûlant. Depuis le temps, je meurs d'envie de découvrir la réponse. De trouver une explication, de comprendre. A l'époque, ce pourquoi m'avait empêcher de dormir – si si. Je nageais dans l'incompréhension. Me demandais ce que j'avais bien pu faire de mal, lui faire de mal à vrai dire. Seul le temps l'avait effacé, laissant comme post-scriptum : « Ne cherche pas, Gid', c'est Cleo ». Comme quoi s'appeler Cleo pouvait régler bien des situations … un jour, je devrais tenter. « Je suis juste rentrée dès que les médecins m’ont donné l’autorisation.. » Je souffle, penche la tête. Mon air ? La traduction d'un « sans blague, j'avais à peine remarquer ». A peine. « Je suis partie sur le champ, et je suis retournée à Washington. Point » Finalement, je ne me retiens pas. Mouvement de mon index, de ma tête en même temps. Gauche, droite, gauche. Non, on ne me la fait pas à moi. Pas comme ça. Je fais mine d'être triste, soutiens son regard. « Point ? Tu n'as que ça pour ta défense ? » Je m'interroge, comme une tentative de la faire culpabiliser. Je sais, ça ne se fait pas, je sais. Mais vois-tu, Cleo, Gidéon était triste, ce matin-là. Découvrir un lit vide. Au même endroit. Sans aucun mot, aucun signe l'indiquant : démoralisant. J'avais badé, quelques instants. Me disant que le problème venait de moi. Moi et ma malchance. Moi et ma faculté à voir les gens que j'apprécie disparaître. Too sad.
« Pourquoi tu es ici ? » Raté, petite. Ca, encore : ce n'est pas la réponse à ma question. A cette question qui me hante, ce pourquoi indéfinissable. Je récupère ma tasse, souffle encore dessus. A croire que la fumée va m'apporter des idées – ridicule. Du doigt, je pointe l'extérieur. Et, derrière le mur, cette plaque. Avec mon nom – mal orthographié. Et ma fonction ? « Et pourquoi pas ? » La question se pose, je hausse les épaules. Hein, démon roux : pourquoi pas. Les USA : grand pays, certes. Mais il faut croire que c'est ma destiné de te rencontrer. Et de veiller sur toi pour ne pas que tu t'éloignes du droit chemin. OK, j'abandonne : tu vas l'avoir ta réponse. Je me penche en avant, étape numéro une. Je prends des airs de grand manitou, un brun sorcier – question de suspense, étape numéro deux. « Alors, au commencement, il y a mes parents. Han-han, tu connais la suite. Naissance du petit Gidéon. Voilà, c'est pour cela que je suis ici ! » Le résultat d'un amour foudroyant – processus biologique. Ca ne répond pas à ta question ? OH-OH, étrange. « Ensuite, un messager divin s'est penché sur mon berceau. Un coup de baguette. Avant même de naître, tu étais ainsi liée à moi. La question est donc : pourquoi es-tu ici ? » Du sérieux, diantre ! Du sérieux. Je retiens un rire, gorgée. Pourtant, je le vois dans ces yeux que ce n'est pas la réponse escomptée. Dommage, c'est la seule chose que je peux te servir. « Tu vois, tu me suis partout. Je te manquais, c'est ça ? » Sourire, again. Même si je te vois plutôt me fusiller du regard avant de lâcher un non glacial. « Et … en fait, heeeeu. Je ne saisis pas ta question. Qu'est-ce que tu veux vraiment savoir ? » Ne t-at-on pas dit de d'exprimer CLAI-RE-MENT, gamine?
P. Cleo Everson
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Sujet: Re: D'où tu sors, toi ? ♣ CLEO Sam 21 Juil - 23:25
Marwin & Cleo
« D’où tu sors, toi ? »
Codage fait par .Jenaa
Il attendait un miracle, sans doute. Une révélation, illumination divine. Mais non. L’apparente progression des derniers mois passés dans cet hôpital, c’était un mensonge, encore un, toujours un. Une comédie, que je jouais. Pour me casser. Ils me donnaient envie de vomir, tous autant qu'ils étaient. Gidéon était ma seule échappatoire. Le seul être que je tolérais. Je les détestais, tous les autres, ne rêvant que de leurs cadavres allignés au pied de mon lit. Prison. J’étais dans une prison. Luxueuse, mais même dorée, une prison reste une cage dont on vous empêche de vous enfuir. Je haïssais la femme qui avait voulu que je l’appelle maman. Je haïssais le médecin en chef, qui était de mèche avec elle. L’infirmière qui m’avait donné un sédatif. Les deux qui discutaient toujours à voix basse de moi, comme si je ne pouvais pas entendre. Même la petite nouvelle, frêle et fragile, je la détestais. Elle me rappelait Mackenzie. Je les haïssais, tous, tous ! Je voulais voir leurs têtes rouler à mes pieds. J’avais besoin de me barrer. De m’enfuir, de retrouver l’air. De l’océan. L’air de la côte Ouest. Il souffle, sur sa tasse. Il est chaud ton thé hein, pauvre petite nature. Par défi, je trempe les miennes dans ma tasse, sans souffler, buvant une longue gorgée, qui me brûle l’œsophage. Je me sens vivante, comme ça. Et il demande pourquoi. Il ose demander pourquoi. C’est MA question. C’est moi qui suis ici pour savoir, pourquoi, pour quelle fucking raison il est ici, dans cette pièce, assis sur ce fauteuil. « Tututu, jeune fille. Cette question, ce pourquoi : elle m’est apparue dès que j’ai découvert un lit vide. Alors ? » Je plonge mes yeux bleus dans ma tasse entre mes doigts, et laisse filtrer un sourire alors que mes lèvres viennent épouser la porcelaine. Si je ne trouvais pas ce mot ridicule, je pourrais presque dire que c’était mignon. Quelque part, au fin fond de ce caillou me servant de pompe à sang et oxygène, j’ai nommé cœur, il y a une petite fille recroquevillée (image moins flippante qu’un petit bonhomme tout rabougri, vous ne conviendrez !), qui sourit. Touchée par le fait que ma disparation ne lui ai pas été étrangère et, plus encore, que ça l’ai, quelque part, affecté. Il aurait pu tourner les talons et hausser les épaules, lancer un « OUF » tonitruant ou un « Bon débarras », mais non, il ne l’a pas fait. C’est ces yeux qui me le disent. Je l’imagine se tourner vers l’infirmière. Demander, demander où je suis. J’aime cette idée. L’impression de compter pour quelqu’un. Où tu es… Où tu es… Je me demande si ça lui a fait mal. S’il a levé ses yeux vers une figure adulte, tirant sur la manche de sa veste… Dis papa, elle est où maman ? La fuite, j’ai ça dans le sang. La catin qui m’a donné la vie m’a donné la plus belle leçon qui soit, aux alentours de mes six ans. Mes lèvres se heurtent à l’eau brûlante, je recule la tasse, et fini par lacher la semi-vérité. Médecin, donnant son autorisation pour que je parte… Et le premier avion pour Washington. Une moue triste s’installe sur son visage, et j’y crois, quelques instants. Peut-être que je veux y croire, voilà tout. Retrouver sur son visage la tristesse et l’incompréhension du mien. Le regarder se débattre, battre des jambes pour garder la tête hors de l’eau. Parce que c’est un battant, un gagnant. Mais Gidéon n’est pas un gagnant, et c’est plutôt lui, qui se ferai battre. J’ai envie de traverser la pièce, de me jeter à son cou, et le serrer fort, fort contre moi, en lui disant que tout est fini, que je suis rentrée, que tout ira bien. Et j’ai envie de le serrer tellement fort que je l’étouffe, et qu’il meurt, et ne peut plus jamais parler. Tout se mêle, dans ma tête. La joie, la haine. Le plaisir, le dégoût. Merci, Casse-toi. « Point ? Tu n’as que ça pour ta défense ? » J’arque un de mes sourcils. « Fais moi un procès. » Avec quel argent, ahah, quel chef d’accusation ? Rien, tu n’as rien, ne peut rien exiger de moi. Moi, je peux te faire accuser de harcèlement. Je persiste, et signe. Je repose ma question. J’ai répondu à la sienne, à lui de répondre à la mienne. « Et pourquoi pas ? » Je repose vivement la tasse contre le plan de travail d’où il l’avait tiré. Un peu de thé gicle. « Alors, au commencement, il y a mes parents. Han-han, tu connais la suite. Naissance du petit Gidéon. » Il veut m’apprendre comment on fait les bébés ? Merci, je connais, je pratique depuis quelques années, maintenant. « Voilà, c’est pour cela que je suis ici ! » Je fronce les sourcils. « Tu dois te trouver hilarant. Moi pas. » Il n’est pas drôle, et j’attends toujours ma réponse. « Ensuite, un messager divin s’est penché sur mon berceau. » J’en doute, ils n’ont que faire des gens de ta condition. « Un coup de baguette. Avant même de naître, tu étais ainsi liée à moi. La question est donc : pourquoi es-tu ici ? » Je laisse filtrer un rire moqueur. « Ils ont des profs de politique compétents ! » Pitié, tuez moi ! Je donnerai tout pour quitter cet endroit ringard, pourri, puant à des kilomètres à la ronde ! Maintenant, réponds. TOUT DE SUITE. « Tu vois, tu me suis partout. Je te manquais, c’est ça ? » « Tout à fait. » Mon regard, posé froidement sur lui. Ou bien est-ce du sérieux ? … La vérité, c’est que moi-même, je ne le sais pas. Est-ce qu’il me manquait ? Je pourrais dire oui, j’ai envie de dire non. J’en sais rien. Je ne veux pas vraiment savoir, pour tout vous dire. « Et… en fait, heeeeeu. Je ne saisis pas ta question. » « J’ai toujours su que tu étais stupide. » « Qu’est-ce que tu veux vraiment savoir ? » Je pousse un soupire, passe une main dans mes cheveux roux. Attrape la tasse, la renverse. « Ton thé est répugnant. Achète en un autre. » Je mérite mieux que du thé « Bonne nuit ». Quand je reviendrais, si je reviens, je veux du Earl Grey. Je lève les yeux, le regarde. « Je veux savoir ce qui t’as poussé à venir dans le Wyoming. » Je fais un pas vers lui. « Je veux savoir pourquoi tu travailles dans cette université. » Un autre pas. « Je veux savoir si tu savais, que j’étais ici. » Un autre. Je me rapproche. « Je veux savoir si tu m’as suivi. » Deux pas de plus, je suis devant son fauteuil. Je pose mes deux mains sur les accoudoirs, plonge mon regard bleu dans le sien, me penche en avant, proche de lui, très proche. « Et je veux savoir si tu as l’intention de parler de ce que tu sais à qui que ce soit. » Ma voix se fait plus basse, plus douce, caressante… Comme un serpent qui s’enroule autour de vous. Dangereux, menançante. « Parce que si tel est le cas… Je te donne 24heures pour faire tes valises et partir loin, en souvenir de ces huit mois passés ensemble, avant de t’exterminer, si tu es toujours dans la région. » Clair. Net. Précis. C’est ce que tu volais, non ?