Les pupilles dilatés, le coeur battant la chamade, les bras le longs de mon corps, je suis incapable de détourner le regard du...du Mort. Suicide? 900 000 personnes décident de s’enlever la vie chaque année à travers le monde alors que d’autres, quelques 1 210 000 âmes, dont celle de mon frère, périssent involontairement sur la route. Je doute que ce preux sportif ait décidé de mettre fin à ses jour. Le corps de ce John pend lamentablement devant moi et les souvenirs reviennent me hanter. L’hôpital, la morgue, puis le service. Je secoue vivement la tête constatant qu’autour de moi c’est la panique, on crie, on pleure, on s’accroche à celui que l’on connaît. Je ne connais personne, hormis le cousin, celui là, il doit bien avoir profité de la situation pour aller s’empoisonner le sang derrière un arbre ou sous un buisson. 230 000, le nombre de citoyens du monde perdant la vie chaque année en abusant des stupéfiants. Je lève les yeux, regarde autour de moi et ai soudainement très froid, je croise les bras, me serrant comme pour m’offrir un rempart. Je pivote et m’enfonce, marchant, tête baissée parmi les arbres. Il me semble faire de plus en plus noir, et être de plus en plus seule lorsqu’une silhouette m’apparait au détour d’un grand chêne. Un homme gesticulant, pestant, le pied apparemment coincé…Je m’avance, puis recule, nerveuse « hey ». Je redresse le menton, puis laisse tomber mes bras le long de mon corps m’aventurant finalement, fière et forte jusqu’à l’individu. 0, le nombre de personnes mortes le pied coincé sous une roche. J’arque un sourcil « Comment avez-vous pu…Enfin, je vais vous aider » Je souris, puis baisse les yeux vers la pierre. Physique. Je récupère un bâton poisseux qui trainait la, le glisse en un tour de main sous la roche, et appui. Délivrance.

Encadrer les élèves et futurs élèves pour une chasse au trésor : checked. Idée ridicule, retour au primaire – je souffle. La rentrée n’est pas avant plus d’un mois et déjà, déjà, je me retrouve déjà devoir jouer les babysitters de gamins ayant supposé avoir quitté l’âge prépubère. Erreur, erreur. L’université ou le début des ennuis, la continuité aussi. L’université et, plutôt, la régression mentale. Bientôt, je vais en avoir un qui va me confirmer que 1 + 1 = 3 avant que la nouvelle ne se répande en deux temps trois mouvements. Mais tant qu’à faire, je préfère cette nouvelle-là que l’autre : John. John. Que lui était-il passé par la tête ? Pourquoi s’être retrouvé aussi loin dans les bois, dans le noir, afin de se … pendre. Cela n’a pas de sens, strictement aucun. Et c’est cette pensée-là qui frappe chacun des participants. Ce n’est pas normal. Incompréhensible. Chacun avait alors retrouvé ses instincts primaires – pensant que la fuite était salutaire. Erreur, terrible erreur. Diviser pour mieux régner, qu’on disait. Quelle connerie.

La peur les a tous pris, un à un. Tous, sans exception. Bras en l’air, cri suraiguë : il n’en avait fallu qu’un pour que la panique ne se répande. Et que pour tous tentent cette imitation – ratée – de la fuite. En toute logique, je tente d’en rattraper quelques un. Mais je ne perçois que des regards tétanisés, fous, comme s’ils n’avait qu’une seule envie en tête : partir. Partir et laisser là ce pauvre John, dans les airs. De loin, j’avise son cadavre. Me dis que, sérieusement, je devrais le décrocher. Histoire de ne pas le laisser pourrir là, de lui offrir un enterrement digne de ce nom, BLAHBLAH. Je souffle, imagine mes mains toucher son corps – frissons. Et entends, au loin, les sentences d’un tribunal. Gidéon, t’as pas de chance. Evite de foutre tes empreintes sur un mort. Mains dans les poches, j’avise toujours le cadavre – combat muet entre lui et moi. Il gagne. Dans leur fuite, je me fais embarquer le bras. Le corps ; je cours aussi. Tout droit, n’importe où. Je crois que leur panique m’a contaminé et, bientôt, je ne pense plus qu’à fuir. Le plus vite, le plus loin. BAM. Je percute le sol, grogne. Roche à la con, que fait-elle donc sur mon chemin ? Je bouge, la roche s’enfonce, m’écrase plus le pied. Conneries. Ce n’était pas le moment, pas du tout. Je relève la tête, brusquement. Du bruit, il me semble avoir entendu du bruit. C’est bien ma veine. Qui vais-je donc croiser ? Le fantôme de feu John, un étudiant à la con, un psychopathe … ou un animal. Me connaissant, j’imagine déjà un sanglier se pointer. Me foncer dessus. Résultat : je me retrouve les tripes à l’air et eux, là, avec un deuxième cadavre sur le bras. Je secoue la tête, chasse ses idées. « Hey ». Choix numéro 2, un étudiant à la con. « Comment avez-vous pu… ». Tu crois que j’en ai une idée, peut-être ? « Enfin, je vais vous aider » Option validée, approuvée. Un peu plus et je lèverai mon pouce dans les airs pour approuver l’idée. La mioche s’empare d’un baton, la roche se soulève. Génial ! « Hm. Merci ! ». Je finis par me relever, TAP-TAP sur les vêtements. Poussière, fous le camp ! J’avise alors la mioche. Etudiante, pas forcément à la con. BON. Je finis par l’attraper par la main – exit les présentations – histoire de partir rapidement d’ici. La direction ? NO FUCKING CLUE. Les scouts m’ont dit que le nord était indiqué par la présence de mousse au pied des chênes … certainement le meilleur moment pour expérimenter. « Mieux vaut ne pas traîner. »