Gidéon Marwin Lloyd-Lenz

«disaster boy, fuckin' disaster boy »

« La malchance est une circonstance atténuante que la vie donne aux ratés. » La malchance, foutue malchance qui me colle à la peau. Je suis un aimant à conneries, les attire plus que de raison. Et les retiens pour un temps que je trouve long, bien trop long. Fuir ne suffit pas, tellement pas. Pire, même. Tenter de leur échapper, à ces conneries, à ma malchance : c'est le meilleur moyen pour que les conneries arrivent à grands pas. Je ne sais pas comment j'en suis arrivé là, ni pourquoi. Le destin s'acharne pourtant sur moi, comme ça. Je ne comprends pas. J'ai tenté de dresser une liste de mon existence, avec un point pour chaque tournant. Tournant bancal, prenant appuie sur du vide. Vide, inexistence, tout ça. Ce rien, ce tout. Ce tout qui me tue et qui m'enterre. « Gidéon, le briquet! » La voix de Houna résonne dans l'appart', quelque part. Je soupire, fouille dans mes poches. Aucun signe du briquet à l'intérieur d'elles, aucun. Mon index se coince dans un trou, je retire ma main. La toile se déchire, se déchire. On m'avait pourtant dit que c'était de la bonne qualité. PIC. Double bruit métallique. Je devine le briquet qui vient de se faire la malle sur le sol. Devine sa trajectoire – il y a du cogner contre les pieds métalliques de la chaise. Ou de la table. Instinctivement, je me mets à quatre pattes, effleure le sol à la recherche de l'objet dans le noir le plus complet. J'avance, sens la poussière s'entasser sur mes genoux ; aucune trace dudit objet. Merde. TCHAC. La lumière revient d'un coup, la coupure de courant a duré moins de temps que prévu. Cette spontanéité me surprend, m'étonne. D'un geste rapide, je me relève. Tente de me relever. Mon crâne rencontre le haut de la table. Merde again. Je me frotte le dessus de la tête, découvre mon briquet à quelques centimètres de là tandis que, dans mon dos, quelqu'un ricane. Je reconnais ce rire. Et cette odeur de clope qui envahi dès lors l'espace. Lewis. Toujours lui, toujours là, surtout lorsqu'on ne s'y attend pas. Lewis. Deux syllabes pour une traduction immédiate : mon pire cauchemar. Je me retourne, à même le sol, enfonce mon briquet dans la poche. La mauvaise. PIC. La bonne. Je me relève, rageux.  « Tiens, Little Gidéon fait encore des siennes. Une poche trouée. C'est quoi dans une heure, la robe de Houna qui prend feu ? ». Un paquet d'allumette sort de la poche de Lewis.  « Dans une heure, c'est toi à l'hosto. », dis-je rageux, de nouveau.  « Mais c'est qu'il est amusant ! Au fait, j'aurais un service à te demander ... » retour vers le passé – trois  « Mais c'est qu'il est amusant ! Au fait, j'aurais un service à te demander ... ». Je relève la tête, me demande pourquoi le mec qui vient d'envoyer mon frère – enfin, mes deux grand frères – à l'hôpital prend une voix si mielleuse. Je sens le traquenard arriver à grandes enjambées. Pourtant, pourtant, je m'y engouffre. Je suis à terre, la lèvre en sang. Et ses sbires à la con bloquent la voie de rédemption – la sortie, quoi. Je me frotte la joue, il y a fort à parier que, demain, je vais me retrouver avec un maxi cocard. Merde. Monsieur les gros bras enchaîne, m'explique une histoire d'infirmier stagiaire ami qui veille sur le plus jeune des deux – frères. Merde. Il enchaîne sur une mission secrète, supra secrète. Une histoire de drogue. Et moi comme passeur. Merde retour vers le passé, plus récent – quatre Violence par une personne en état d'ivresse – faux ! Délit de fuite et violence – presque faux. Possession de drogues, de stupéfiants – vrai. Vente de drogues, de stupéfiants – vrai, mais ... Menace de mort réitéré – vrai … Outrage à une personne dépositaire de l'autorité publique – encore vrai. Merde. Les sentences tombent, pleuvent. Je ne peux pas caser de mots, pas un seul. Ma défense semble difficile. J'ai beau expliqué que je n'y suis pour rien, que ce n'est pas moi – personne ne me croit. Même mon avocat m'ordonne d'arrêter de mentir, prétextant que c'est plus simple de défendre quelqu'un qui veut être défendu. Et qui se dénonce donc comme coupable. Mais coupable de quoi, d'être né malchanceux ? Finalement, je n'écope que de trois ans de prison. Trois ans pour : rien. retour vers le passé, plus ancien – un  « Allez, avoue : elle te plait Houna ? ».  « ... »  « Tu sais qu'elle couche avec Allan ? »  « Va te faire foutre ! » Bien sûr, qu'elle me plait, Houna. Merde. C'est comme : ma meilleure amie. Mon amie. Mon amour. Tout ça et rien à la fois. La fille que je regarde du coin de l'oeil, que je n'ose pas approcher. Mais que les autres vont voir et draguent sans aucune honte. La fille que j'ai approché, finalement, a qui j'ai parlé. Ou plutôt, qui m'a parlé, de tout et de rien. M'expliquant sa vie, ses déboires, ses peines de cœur tandis que le mien n'en pouvait plus. Houna, c'est la fille que j'ai suivi au Venézuela pour un échange scolaire. Houna, c'est la fille qui m'a fui pour une raison que j'ignore. Houna, c'est la fille que j'ai retrouvé, après. Et que j'ai reperdu de vue pour la retrouver encore. Après. retour vers le présent Le paquet d'allumette m'indique un danger imminent. J'entends du bruit sur ma droite, un bruit d'étoffe. Et puis un cri, sourd. Je tente de me relever d'un bond, me cogne de nouveau le crâne contre la table. Merde. Un jour, peut être, j'aurais l'air convainquant. Le rire de Lewis résonne de nouveau. Un des singes vient d'allumer son briquet. Je sais qu'une robe ne peut pas prendre feu, pas comme ça. Pourtant, l'énervement prend dessus. Je me relève aussi vite que je peux, manque de glisser – de nouveau. Je serre le poing, décroche une droite à cet empoté qui, dans un éclat de rire – encore ! - m'indique :  « C'est dans la poche ! ». FUCK. L'autre couillon m'a enregistré. La caméra s'éteint. La menace tombe. Pas de connerie ou il l'envoie à mon avocat, cet andouille. Aux flics, aussi. Histoire que je retourne en taule. Je hais ce mec. Je hais cette vie, ces frères qui m'ont entraîné dans leur connerie. Et qui, à présent, ne me parlent plus. J'aurais du les laisser mourir, qu'ils me disent. Stupides frères. retour vers le passé, moins ancien - deux  « Je suis désolée, Gidéon. Je … t'aurais pas du. ». Je suis resté interdit face à cette déclaration. Elle en larme, là, devant moi qui me tend mes vêtements. Elle en larme, là, encore nue. Je me demande si elle ne se fout pas de moi. Je retiens mes pulsions, dévasté alors que je lutte contre l'envie de la plaquer contre le mur. Et de lui foutre une paire de claque. Au lieu de quoi, je sers les dents. Me répète de ne pas m'énerver. Elle se rhabille et disparaît. Je la regarde, méprisant. Comment a-t-elle pu faire ça ? Me faire ça. Je frappe l'armoire, entend du bruit sur ma droite. Je ne le vois pas venir. Un poing s'abat sur moi, je tombe à terre. Coup de pied dans les côtes, le copain-pas-petit-compain-je-comprends-rien de Houna me regarde de haut. Ses lèvres me murmurent : « Ne l'approche jamais plus ». Je n'ai pas le temps de répliquer que ce n'est pas moi, que je n'ai rien fait – c'est vrai ! Un autre coup, noir total. Je sais juste que j'ai mal. retour vers le présent Lewis s'enfuit, ses acolytes suivent. BAM. Houna tombe contre le sol. J'arrive vers elle. Finalement, ces années de prison, c'était pas plus mal. J'étais presque, presque, pénard là-bas. Mais mon avocat a eu la stupide idée de vouloir me faire un prix. De m'offrir l'opportunité de travailler comme jardinier ou comme surveillant. Pensant le job de surveillant plus facile, je l'ai accepté. Après réflexion. La réflexion était telle : «  Je n'ai pas de chance. Si je choisi surveillant, ça va mal se passer. Pour conjurer la chose, autant prendre le contraire, jardinier donc. Mais étant donné que le contraire va se passer parce que j'y ai réfléchi, autant prendre le contraire, encore une fois ». Ma réflexion avait duré. J'ai choisi à pile ou face. «NE M'APPELLE PAS GIDEON ! » Quelque chose me dit que j'ai encore mal choisi. Que les emmerdes arrivent. Et que je ne sais toujours pas ce que Lewis a en tête.

Ton prénom ou surnom • Elsa ( eltha selon les anglais ) - Zaw Ton âge • 22yo. Que penses-tu du forum ? • this is a fucky crappy shit T'es arrivé là comment ? • en cliquant sur enregistrer. sur GT. et parce que Gidéon me soufflait à l'oreille. Crédit • gif sur TUMBLR, icon by white rabbit Un dernier mot Jean-Pierre ? • Jean-Paul