Il avait l’impression de rêver, ou, plus précisément, de cauchemarder. Les choses s’étaient passées si vte qu’il n’avait rien compris à ce qu’il se passait. Il avait pourtant cherché à comprendre, il s’était posé un milliard de questions, avait envisagé des tas de réponses mais rien ne lui apparaissait correct. Effrayé, tétanisé même, il s’en voulait d’avoir participé à cette stupide sortie. Il savait que ce genre de chose finissait toujours mal, et que même au sens figuré du terme, il y avait des morts. Cette simple pensée fit naitre dans son esprit l’image d’un corps pendu, sans vie. Il ne se rappelait même plus s’il avait eu la moindre réaction, s’il avait crié, s’il avait pleuré, s’il avait ne serait-ce que pu laisser échapper un son. Il avait l’impression d’avoir regardé, l’air ailleurs, comme si ça ne l’atteignait pas et qu’il s’en moquait pas mal. Ou quelque chose qui devait s’en rapprocher en tout cas… Mais cela n’expliquait donc pas ce qu’il faisait là, seul, perdu au milieu du bois. Avait-il pris ses jambes à son cou et couru jusque là ? C’était stupide, peut-être que le meurtrier était encore là, c’était la dernière chose à faire. Alors, pourquoi ? Les idées se bousculèrent jusqu’à ce qu’un flash, effroyablement précis, le ramène à ce qu’il venait de se passer. Il avait juste perdu la tête, les cris des autres, les gens qui couraient… Il avait suivait le mouvement. Comme une brebis égarée. Et voilà qu’il était donc dans de sacré draps ! Son cœur s’agita et il serra la poing quand un son lui parvint aux oreilles. Guettant partout, dans l’espoir infini que ce ne soit qu’un écureuil ou… « DAAAAAAAAAAAAN ! » hurla-t-il sans même s’en rendre compte. Sa voix, étranglé par la frayeur qui habitait chaque parcelle de son corps, s’était éraillé dans le cri. Elle avait eu l’air déchirante, comme si on avait essayé de retenir ce cri d’appel à l’aide par une main meurtrière. Jamais il n’avait été aussi contente de voir Dan et même sans avoir le temps d’y réfléchir à deux fois, il se jeta à son cou, la serrant avec toute la force qu’il lui restait. Un peu trop de force, donc. « Oh mon dieu, j’ai eu si peur, t’es folle ou quoi ! » Il la grondait mais était tout bonnement incapable de la lâcher. Il avait bien trop peur qu’elle ne soit qu’un mirage, une image de son inconscient. « Je suis content que tu ailles bien ! » Et il était sincère, comme toujours.

Il avait fondu sur elle comme un aigle sur sa proie et ses bras étaient tétanisés autour de la jeune femme. Il aurait bien aimé s’extraire de cette étreinte forcée, mais quelque chose à l’intérieure de lui refusait tout bonnement de la libérer. Il lui avait fait peur, c’était certain, mais elle le lui avait bien rendu également, ils étaient donc quitte. Le problème c’est que désormais, Clapton ne voyait pas l’intérêt de s’écarter d’elle. Il venait de se trouver un binôme, quelqu’un à qui se raccrocher en cas de pépin, une aide indéniable. Dan n’était certainement pas la meilleure partenaire pour un tel moment et une telle histoire, mais il ne faisait pas les choix et il endurerait donc la sulfureuse brune. Qu’elle le repousse si elle veut, il n’abandonnerait pas. D’ailleurs, à peine fut-il détaché de sa petite personne qu’il glissa son bras sous le sien et serra avec toute la force qu’il possédait, étant ainsi sûre de ne pas se retrouver lâché et paumé au milieu de nulle part, un tueur au trousse. « J’ai pas crié ! » riposta-t-il d’une voix couinante et aigue qui ressemblait, elle aussi, à un cri de détresse. C’était lui l’homme de la situation et pourtant, il devait avoir l’air bien ridicule. Il sentait ses mèches de cheveux coller à son front moite de sueur, il sentait ses mains trembler et entendait presque son cœur battre à tout rompre. « C’est toi qui a hurlé ! » ajouta-t-il même pour se donner bonne contenance. Mais il savait que c’était de sa faute, qu’il n’avait pas su retenir sa peur et qu’elle s’était répandue par ce cri déchirant. Mais au moins, avec Dan et ses petites piques, il était facile de retrouver son sang froid. « Fais pas ta chieuse, je suis certain que t’es troooooop heureuse de me voir. Surtout moi. » lâcha-t-il d’un ton beaucoup plus assuré et sérieux, laissant même un sourire ravi s’étaler sur ses lèvres. « Me suivre ? Bon, si tu y tiens. On va par… là ! » Il indiqua du doigt une direction, l’air certain, alors qu’il n’avait été question que de hasard. Que pouvait-il faire d’autre, de toute façon ? Si les hommes avaient le sens de l’orientation, il ne devait pas en être pour de vrai car il avait toujours des difficultés incroyables pour ce genre de chose. Mais, ça, il ne le dirait pas à Dan. Il se mit à marcher, trainant la jeune femme derrière lui. Concentré, il ne remarqua l’orage que quand celui-ci claqua à ses tympans, le faisait sursauter comme jamais. Il se mordilla la lèvre inférieur, glissa un regard vers la jeune femme et s’écria : « Bien sûr que j’ai peur de l’orage ! C’est super dangereux ! On peut finir carrément cramé, tu réalises ?! » Si elle pas, lui très bien. Il se mit donc à cavaler comme une biche, tirant Dan comme un poids mort. « Là-bas, je sens que c’est là-bas ! » Mais ce qu’il sentait, il ne savait pas ce que c’était…

Surtout ne jamais crier victoire trop tôt avec gars-là ! A peine avait-elle réussit à se dégager de son étreinte que déjà il s'emparait de son bras, se collant à elle. Hmpff.. Dan soupira, dépitée. C'était peine perdue ! Il serait capable de se trainer par terre et de s'accrocher à sa jambe pour ne pas se retrouver tout seul. Wouah, mais quel homme ! Elle abandonna donc. Pour le moment ! « J’ai pas crié ! » Dan tourna la tête vers lui en ricanant, moqueuse. « C'est ça ouais. Femmelette ! » Un nouveau petit rire, juste histoire de l'emmerder. Mais ses rires étaient encore assez nerveux pour le moment. Toujours choquée par ce qu'elle avait vu et toujours cette petite peur au fond d'elle. « C’est toi qui a hurlé ! » Dan lui refila un coup de poing dans l'épaule, agacée par ses gamineries. « La ferme Clapton ! On s'en fiche ! » Avec lui valait mieux mettre un terme à ce genre de débat inutile. Sinon, on en avait pour des heures. Et qu'est-ce que ça apportait ? RIEN. « Fais pas ta chieuse, je suis certain que t’es troooooop heureuse de me voir. Surtout moi. » L'insolente brune posa son regard sévère dans le sien. Fallait qu'il arrête de lire les contes de fées celui-là ! C'était la vraie ici et personne ne pouvait être heureux de se retrouver seul avec lui. « J'aurais encore préféré me retrouver avec le tueur. » Hmm.. était-ce bien sage de dire ça ? Vous savez, c'est toujours au moment où vous dites qu'il ne peut rien vous arriver que BAM ! L'horreur ce produit. Elle regarda rapidement autour d'elle, derrière elle.. Rien à signaler. Bon. « Me suivre ? Bon, si tu y tiens. On va par… là ! » Il avait l'air plutôt sûr de lui.. Dan acceptait donc de lui laisser une chance. Et puis comme ça, s'ils se perdaient encore plus elle pourrait tout lui reprocher et passer ses nerfs sur lui. Clapton ne la lâchait pas, la tirant à côté de lui alors que Daniella elle continuait de pester doucement. Et alors que le tonnerre claquait à nouveau, Clapton sursauta et se colla totalement à elle. WTF ? Oh non, il n'avait pas peur de l'orage ? Pitié quoi ! « Bien sûr que j’ai peur de l’orage ! C’est super dangereux ! On peut finir carrément cramé, tu réalises ?! » Oui elle réalisait parfaitement. Et l'idée d'un Clapton cramé n'était pas désagréable. Elle soupira. « Pfff... y a vraiment plus rien à faire de toi. » Elle secoua la tête, comme désespérée par son cas. En fait, pas "comme", c'était effectivement le cas. « Là-bas, je sens que c’est là-bas ! » Mais Dan s'arrêta brusquement, l'obligeant à faire de même. « Attends ! » La jeune femme avait entendu quelque chose. Son regard essayait de scruter l'obscurité, cherchant à distinguer une silhouette ou quelque chose. Ses palpitations s'accélérèrent. « Tu as entendu ? » L'interrogea-t-elle. Elle recula de quelques pas, incitant Clapton à faire de même, tout en mettant son doigt sur les lèvres du garçon pour l'inciter à se taire. Parce que lui et la discrétion ça faisait deux (voir bien plus).

Spoiler:

Marche, marche, Silence. Un pas, un autre, le bruissement des feuilles sous mes pas, un coup d’oeil à droite, un autre à gauche. Inquiet, je suis aux aguets, à la recherche du moindre bruit qui pourrait m’apprendre une présence humaine. Dans la mêlé j’avais été poussé, puis avant que je n’ai pu m’en rendre compte, je m’étais retrouvé seul entre une épinette et un bouleau à l’écorce pourrie. J’inspire, expire, puis entrouvre les lèvres « ET MEEEEEERDE » clamant au monde entier la colère qui me ronge. Je grogne et me maudit d’être revenue dans le Wyoming, chez moi. Coin pourri, gens tarés, j’aurais du rester exilé dans le Montana pour le restant de mes jours. Le corps pendu se balançant tranquillement, tout bonnement, presque paisiblement au bout de la corde du haut de ce grand arbre dégarni, voilà ce qui me revient en pensées alors qu’il ne me semble jamais avoir fait aussi noir dans cette fichue forêt que je suis sensé connaître comme le fond de ma poche. Je secoue la tête tout en continuant d’avancer, seul, dans cette forêt, presque qu’au pas de course m’efforçant de simplement tout oublier. Soudainement, alors que je tente de maintenir le cap ver les sud, des voix me parviennent, des bruits, des soupirs. J’arque un sourcil, puis oblique dans cette direction…Comme heureux à l’idée de trouver des âmes avec qui partager cette terrible mésaventure. Alors que je crois avancer dans la bonne direction, les voix s’estompent tranquillement pour finalement s’éteindre complètement. C’est bien ma chance. Je cesse ma course, écoute, mais n’entend que le vent. Je fais encore quelques pas, tâtant le terrain du bout de ma chaussure, et BOUM j’heurte une masse…Une masse corporelle? Quelques cris retentissent dans la mêlé alors que je m’emmêle honteusement les pinceaux avant de finalement retrouver un équilibre précaire. « Mais qu’est-ce qui se passe ici nom d’un Cow Boy » J’appuis ma main sur le haut de mon chapeau, histoire de le replacer, puis mon regard se pause rapidement et alternativement sur les deux individus devant moi. « C’est une mauvaise blague… » Je lève les yeux vers le ciel « Très amusant! » Je soupire à m’en fendre l’âme et quelques organes internes : Dan. Cette….Crapule… Je l’observe et grimace de dégout avant de baisser le menton vers le minuscule petit bout de jeune homme qui l’accompagne « Génial » : un nain de jardin. Je crois que je préfère encore continuer ma route seul.

Il ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel face à la réaction si grotesquement agaçante de Dan. Il fallait toujours qu’elle le fasse passer pour un parfait abruti, pour un petit garçon sans défense et peureux. Certes, il dégageait souvent cette image. Lui qui pouvait avoir peur de son ombre, par moment. Mais il était persuadé qu’elle était ravie de sa présence. Après tout, perdue dans les bois, seule, alors qu’un meurtrier ou une espèce de psychopathe si balade n’était-ce pas la pire des solutions ? La présence de Clapton, à côté, c’était carrément le rêve de sa vie. Qu’elle cesse donc de prétendre le contraire. « Oh ben si tu veux, je le trouve et je te jette dans ses bras. T’as l’air d’aimer ça, les gens fous et bizarres. C’est l’une des raisons qui fait que tu m’adores. Avoue. » Comme si c’était le moment d’en discuter, sérieusement ! Le jeune homme avait toujours eu un niveau de conversation peu élevé et c’était bien pire dans ce genre de circonstances. S’il ne se faisait pas tuer par un fou, il finirait probablement embrocher sur la lime à ongles de Dan Kingston, sa soi-disant grande sœur adorée. Quand même, la vie était merveilleuse. Il était prêt d’ailleurs, à lui faire remarquer tout ce qu’elle préférait ignorer, mais au moment même où il ouvrait la bouche, la jeune femme s’arrêta net. Fronçant les sourcils, il fit de même et l’observa alors qu’elle reculait de quelques pas, le doigt sur les lèvres. Elle avait entendu un truc, c’est ça ? Pourquoi pas lui ? Il n’était pas sourd pourtant ! Et c’est au moment exact ou il s’apprête la question qu’une masse s’abat sur lui le faisant hurler de terreur. S’accrochant au bras de Dan avec un peu trop de force, Clapton est presque certain d’y avoir enfoncé ses ongles jusqu’au sang. Un peu sonné, il cligne des paupières et finit par regarder le gros malabar devant lui qui élève la voix. « Nom d’un Cow-boy ? T’es sérieux ? Tu t’es cru dans Brokeback Mountain ou quoi ? » demanda-t-il d’une voix irrité, en posant une sur sa tempe devenu douloureuse. C'était son film préféré, fallait pas plaisanter avec ça. En tout cas, il ne sait pas du tout à qui il a à faire mais visiblement, Dan pourra l’aider. Il pousse un soupir, ignorant presque le nouvel arrivant et demande : « Tu connais ce… truc ? » Le premier mot correct qui lui était venu était ‘dingue, nul, spécimen’ mais truc, ça faisait nettement plus cool, dans une conversation. « Dude, c’est quoi ce truc que t’as sur la tête ? » observa Clapton. Non pas qu’il n’aimait pas les chapeaux, il en mettait souvent… mais à lui, ça allait bien. Toute la différence était là.

« J'te l'fais pas dire. » Karma de merde. Alors que je pense sérieusement à lâcher mon travail de garde forestier pour entrer dans un monastère histoire d’aider mon prochain et d’augmenter mon Karma positif, le nain de jardin me démontre qu’il sait parler. Lucky me, il n’est pas donc en porcelaine et muet…Dommage. « Nom d’un Cow-boy ? T’es sérieux ? Tu t’es cru dans Brokeback Mountain ou quoi ? » Je croise les bras contre mon torse me penchant vers le gamin lui tapotant à quatre reprises le haut du crâne « Et toi dans Arthur et les Minimoys? » Je me redresse reportant mon regard sur l’idiote addict des Sms. Elle riait. Elle me dégoutait. « Tu connais ce… truc ? » Je secoue la tête de gauche à droite en apercevant Dan grimacer : sentiments partagés très chère. « Écrase et tais-toi le nain de jardin » Il m’énerve ce gosse. « Dude, c’est quoi ce truc que t’as sur la tête ?» Je tourne la tête un peu vivement vers le minuscule bout d’homme en m’adressant à Dan sans même la regarder « Mmm…Donc, ton truc, c’est de les prendre encore la couche aux fesses han-han? » Ceci explique cela. « C'est pour essayer de camoufler son énorme tête… C'est d'ailleurs très ironique d'avoir une tête aussi énorme et rien dedans.» Je m’esclaffe d’un rire faux et ironique à souhait. Toujours aussi démunie d’un réel sans de l’humour celle là. Au moins, l’un de nous deux possède bel et bien une tête. Je pointe mon menton en direction du jeune homme sans identité, et c’est aussi bien ainsi, moins j’en sais sur les camarades de Kingston, mieux je porte, mieux je les évite. « On appelle ça un cha-peau…Ne t’inquiète pas, lorsque tu seras grand tu pourras en avoir un pareil » Petit chanceux. Je m’esclaffe levant les yeux vers le ciel partiellement camouflé par la cime des arbres. Je me tourne vers mes deux compagnons de fortune pointant un index devant moi « Je ne sais pas pour vous, et je m’en fous un peu à vraie dire, mais moi, j’allais par là » Être seul est peut-être finalement plus intéressant que me coltiner ces deux imbéciles dépourvus de neurones. Je serais prêt à parier mon plus grand cheval que celui là, le petit, est aussi citadin que celle là, la folle. Génial. Pris dans la forêt avec deux attardés qui ne sauraient distinguer un sapin d'un érable. C'est bien ma chance.

« Et toi dans Arthur et les Minimoys? » Dan grinça doucement des dents. AHAH très drôle, très malin ça ! Son regard planté dans celui d'Austin, les bras croisés, elle semblait être en train de le tuer de toutes les façons possible dans sa tête. Et ne s'en cachait pas. « Écrase et tais-toi le nain de jardin » Oh ça va, on avait comprit merde ! Dan laissa retomber ses bras le long de son corps et soupira bruyamment, agacée. « Ça va Austin, on a comprit l'idée je crois, change de disque ! » Non mais ! Ces cow-boys, si insupportables décidément. « Mmm…Donc, ton truc, c’est de les prendre encore la couche aux fesses han-han? » Il brillait par sa connerie celui-là ! Dan roula des yeux mais ne répondit rien. Les interminables duels de mots ce n'était pas son truc. Moins elle parlait aux gens, mieux elle se portait. Préférant donc l'ignorer royalement elle posa brièvement sa main sur l'épaule de Clapton, en signe de... soutient ? Oui, quelque chose comme ça. Beurk ! Elle la retira vivement, il ne fallait pas pousser non plus. « On appelle ça un cha-peau…Ne t’inquiète pas, lorsque tu seras grand tu pourras en avoir un pareil » Perdant patience, Dan fit un pas vers Austin et lui attrapa le col, plantant son regard dans le sien, sévère et agacée. « Je t'ai dis qu'on avait comprit. Maintenant arrête avec tes petites allusions sur sa taille parce que ça m'énerve. Et que si tu recommences tu risques de terminer comme John. » Hmm... il était peut-être encore un peu trop tôt pour "plaisanter" là-dessus. Mais voilà, il l'avait échauffé et ça lui avait échappé. Tant pis, c'était dit. Elle le relâcha et recula de quelques pas pour retourner se mettre au niveau de cet idiot de nain de Clapton. Oui, elle, elle pouvait le dire. « Je ne sais pas pour vous, et je m’en fous un peu à vraie dire, mais moi, j’allais par là » Austin avait beau être un cow-boy misérable que Dan méprisait au plus haut point... elle avait malgré tout plus confiance en son sens de l'orientation qu'en celui de Clapton. Attrapant ce dernier par le bras pour l'entrainer à sa suite elle déclara en emboitant le pas d'Austin. « Ça tombe bien, nous aussi ! » Mais elle se contenta de marcher derrière lui, n'ayant pas envie d'être à son niveau, ni même envie de faire la conversation avec cet imbécile. Mais évidemment, il ne fallait pas non plus trop en demander. Après quelques minutes de marche silencieuse (si on oubliait les interminables soupirs de Dan) elle lança : « Si tu nous perds encore plus, tu le regretteras ! » Menace totalement inutile et injustifiée. Mais la vérité c'était que Dan avait la trouille et qu'elle voulait sortir de là au plus vite.

« Ça va Austin, on a comprit l'idée je crois, change de disque ! » Ne sait-on jamais, avec Dan, il faut toujours se méfier...Et vue la taille réduite de la tête de l'autre...Je veux simplement m'assurer, en grand gentleman que le message passe...Que l'idée soit comprise. Tout bien réfléchit, ces deux là me semblent bien faire la paire. Je les détaille un moment, elle, sa main posée sur son épaule à lui, puis arque un sourcil: okay. Elle fait ce qu'elle veut avec qui elle veut, je m'en balance. C'est sur cette note de sagesse que le petit se voit apprendre un nouveau mot, son vocabulaire se voit donc doublé. Chapeau. « Je t'ai dis qu'on avait comprit.» Et moi, qu'avec toi il fallait se méfier: pures précautions. « Maintenant arrête avec tes petites allusions sur sa taille parce que ça m'énerve. Et que si tu recommences tu risques de terminer comme John. » Je souris « Mille pardons...T'énerver, voilà qui n'aurait jamais traversé mon esprit...» Je la détaille d'un coup d'oeil exaspéré en m'esclaffant. Fichu de journée. Belle merde. « Tu vas m'attaquer avec les gliters de ton portable peut-être ? » J'arque un sourcil l'air moqueur en avisant le petit homme à ses côtés l'Air de dire MAIS QUELLE FOLLE...BREF, on peut bien rester ici à s'insulter, à parler pluie, à parler beau temps, à discuter cadavres, mais perso, l'idée de mettre encore un peu de distance en le pendu et moi me parait plutôt alléchante...Déboucher hors forêt également...Je ne sais pas ce que le duo avait prévu hormis pleurer dans les bras de l'un et l'autre, mais moi, j'avais une petite idée de la direction à prendre. « Ça tombe bien, nous aussi ! » Je secoue la tête. Bah tiens. Puis me mets en route suivis par mes canetons: génial. Nous marchons silencieusement, évitons trou d'eau, vainquons branches bestiales et contournons pierres intruses lorsque soudainement, le crissement monotone de nos chaussures contre la terre est perturbé par le timbre outrageusement aiguë de la voix de Kingston. « Si tu nous perds encore plus, tu le regretteras ! » Je soupire en élevant la voix sans me retourner « Ô Dan, tout en paroles, rien en actions. » J’oblique vers la droite en grommelant « C'est mon travail....Attention, tronc mort à 6 heures » La seule différence est qu'habituellement, la possibilité qu'un tueur à série soit à nos trousses n'est pas dans le tableau.